États-Unis : RSF salue la décision de justice rétablissant l’accès de l’agence de presse AP à la Maison-Blanche

Le 9 avril, un juge fédéral a statué en faveur de l’agence de presse Associated Press (AP) et a rétabli son accès aux événements de la Maison-Blanche. Le gouvernement américain devrait faire appel de cette décision, qui prendra effet le 13 avril. Reporters sans frontières (RSF) salue cette décision visant à préserver la liberté de la presse et à empêcher l’administration Trump de prendre des mesures de représailles contre les médias et de tenter de porter atteinte à leur indépendance éditoriale.
La Maison-Blanche a empêché Associated Press (AP) d’assister à ses événements du 11 février, car l’agence de presse continuait d’utiliser le terme “Golfe du Mexique”, rebaptisé “Golfe d’Amérique” par décret présidentiel de Donald Trump. Cette mesure visait à sanctionner l’agence de presse indépendante pour ne pas avoir adapté son guide rédactionnel au programme politique du président, une violation flagrante de la liberté de la presse garantie par le premier amendement.
C'est ce qu'a soutenu le juge dans sa décision du 9 avril. Le juge McFadden a écrit : “Si le gouvernement ouvre ses portes à certains journalistes… il ne peut ensuite les fermer à d'autres en raison de leurs opinions.” Cependant, le président Trump peut rejeter les demandes d'accès plus restreintes d'AP, telles que des interviews individuelles. Cette ordonnance ne sera appliquée que le 13 avril 2025, ce qui laissera au gouvernement le temps de faire appel.
“Le premier amendement protège les médias d'information contre toute ingérence du gouvernement dans les décisions éditoriales, comme l'a réaffirmé la Cour. Les tentatives de l'administration Trump de saper la Constitution ont échoué cette fois-ci, mais elles continuent de menacer la liberté de la presse et d'empêcher les médias de faire leur travail : couvrir l'action du gouvernement de manière exhaustive et équitable.”
Clayton Weimers
Directeur du bureau Amérique du Nord de RSF
La guerre continue de Donald Trump contre le journalisme
Le procès d’AP n'est qu'une des nombreuses attaques récentes contre les médias indépendants. Le 26 mars, des alliés de Donald Trump à la Chambre des représentants ont interrogé les dirigeants des radiodiffuseurs publics NPR et PBS, dans le cadre d'une tentative de démantèlement des médias publics. RSF a présenté une lettre publique affirmant la valeur des médias publics américains et leur rôle essentiel dans l'information des communautés rurales.
Le 14 mars, Donald Trump a signé un décret démantelant l'Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM), l'agence fédérale finançant plusieurs radiodiffuseurs internationaux essentiels, dont Voice of America (VOA), Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) et Radio Free Asia (RFA). Le lendemain, des employés de VOA ont été placés en congé administratif, violant ainsi les droits des journalistes de VOA et les fonctions légales d'USAGM. Pour empêcher l'administration Trump de démanteler le radiodiffuseur public, RSF, une coalition d'employés de VOA et leurs syndicats ont porté plainte contre l’USAGM, sa conseillère principale Kari Lake et son directeur général par intérim Victor Morales. Le 28 mars, la coalition a remporté sa première victoire judiciaire : un juge américain a fait droit à la demande en référé de suspension de la dissolution de VOA, suspendant ainsi toute décision future susceptible de compromettre davantage le média.