Élections législatives : l'opposition et le débat politique défavorisés

A quelques jours des élections législatives, Reporters sans frontières exprime une nouvelle fois son insatisfaction devant la couverture médiatique des dernières semaines de la campagne électorale. L'Association des journalistes bélarusses (BAJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières, a publié le compte rendu de son monitoring sur la période du 5 au 20 septembre 2008. Les programmes politiques et les débats restent absents de la couverture médiatique et l'ensemble des observateurs expriment leurs critiques face à cette lacune importante. “Nous regrettons qu'aucune amélioration n'ait été apportée dans la couverture médiatique de la campagne pour les élections législatives, alors que le Bélarus avait l'opportunité de normaliser ses relations avec la communauté internationale”, a déclaré Reporters sans frontières. Les dernières semaines de la campagne électorale n'ont pas différé des précédentes. La BAJ a accusé les médias contrôlés par l'Etat de “dépolitiser au maximum l'élection, marginaliser les programmes politiques et les candidats alternatifs, alors que les publications privées sont incapables de pallier le vide de l'information en raison de leur faible diffusion”. La couverture médiatique se limite à une explication des aspects techniques du scrutin, du fonctionnement de la Commission électorale centrale (CEC). De ce fait, les citoyens bélarusses ne peuvent choisir leur candidat de manière réfléchie et consciente. Selon les résultats de l'étude menée par la BAJ, les médias publics se focalisent sur les activités du président Alexandre Loukachenko, de la Commission centrale électorale, des autorités locales et les observateurs étrangers. Le président du Bélarus a été la seule personne nommée par la radio d'Etat Radio régionale d'Homyel, dans sa couverture des élections législatives. La BAJ a accueilli avec prudence la décision de la commission électorale centrale de rediffuser les spots de campagne de tous les candidats. Toutefois, cette mesure positive a, de fait, eu un effet limité, puisque certaines des rediffusions ont eu lieu à des heures d'audience faible. Les observateurs de l'OSCE ont également rendu un rapport critique sur le comportement des médias publics. Ils regrettent que les discours de campagne des candidats aient été absents et que l'attention des médias se soit focalisée sur des aspects techniques. “La couverture médiatique, tant au niveau national que local, s'est essentiellement concentrée sur des questions de procédures électorales. Les médias, majoritairement contrôlés par l'Etat, ont beaucoup plus parlé du Président, des autres autorités de l'Etat et de la Commission électorale centrale que du rôle du Parlement ou des députés”, a déclaré l'OSCE dans son rapport du 19 septembre 2008. Les élections législatives anticipées ont débuté et Reporters sans frontières a déjà recensé des incidents dont des journalistes ont été les victimes. Le 23 septembre, Yuri Dziadzinkin, correspondant du quotidien indépendant Narodnaya Vola, s'est rendu au bureau de vote n°398 à Minsk en possession de sa carte de presse. Des membres de la Commission électorale lui ont dit qu'ils ne pouvaient pas prendre de photographies car le responsable du bureau de vote l'avait interdit. Le secrétaire de la CEC, Mikalai Lazavik, a déclaré que ce refus s'expliquait par l'incapacité du journaliste à faire preuve de “relations humaines” avec les membres de la Commission électorale.
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Updated on 20.01.2016