Élection des nouveaux membres du Conseil des droits de l’homme
Organisation :
À l’issue de l’élection du 12 novembre 2013, le Vietnam, la Chine, Cuba, la Russie et l’Arabie Saoudite ont rejoint le Pakistan, les Émirats arabes unis, le Vénézuela, le Kazakhstan, et l’Éthiopie au sein du Conseil des droits de l’homme.
“Désormais, le risque que des coalitions hostiles à la liberté de l’information se forment est bien réel. Sur quarante-sept États membres, une vingtaine figure dans les cent dernières places du classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Cette nouvelle configuration laisse craindre une instrumentalisation du Conseil par des pays qui sont farouchement opposés à la promotion et à la protection des droits de l’homme.” a déclaré l’organisation.
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08.11.13 - Élection des nouveaux membres du Conseil des droits de l’homme
Le 12 novembre 2013, l’Assemblée générale des Nations unies procédera à l’élection des dix-sept nouveaux membres du Conseil des droits de l’homme, composé de quarante-sept États et chargé de “promouvoir le respect universel et la défense de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales, pour tous, sans aucune sorte de distinction, de façon juste et équitable”.
Parmi les dix-sept pays en lice pour siéger au Conseil, quatre figurent dans les vingt dernières places du classement mondial de la liberté de la presse 2012-2013 publié par Reporters sans frontières : l’Arabie Saoudite (163e), Cuba (171e), le Vietnam (172e) et la Chine (173e). La Russie (148e) est d’ores et déjà assurée de siéger puisqu’elle est, aux côtés de la Macédoine, l’un des deux candidats proposés par les membres du groupe régional d’“Europe Orientale” pour occuper les deux sièges vacants.
“Ces candidatures de pays qui pratiquent la chasse aux journalistes, la surveillance d’internet et se montrent en général peu respectueux des mécanismes onusiens en matière de respect des droits de l’Homme menacent considérablement le travail du Conseil des Droits de l’homme. Est-il besoin de rappeler que le paragraphe 9 de la résolution 60/251 (2006) de l’Assemblée Générale établissant le Conseil des droits de l’Homme prévoit que ‘les membres élus du Conseil observeront les normes les plus strictes en matière de promotion et de défense des droits de l’Homme’? Nous sommes très loin de cette réalité avec ces candidats”, a déclaré l’organisation.
“Il est faux ou naïf de croire que ces États seront contraints de mieux respecter les droits de l’homme en siègeant au Conseil. Il est au contraire à craindre qu’ils s’allient avec d’autres délégations siégeant jusqu’en 2015, comme les Emirats arabes unis, le Pakistan ou le Kazakhstan afin de porter des projets dangereux pour la liberté de l’information. Les initiatives sur le respect des valeurs traditionnelles ou le blasphème, sur la surveillance d’Internet ou le filtrage du Web, doivent être combattues. Le Conseil des Droits de l’Homme doit demeurer un organe de défense des valeurs universelles des droits de l’Homme”, a ajouté l’organisation.
L’Arabie Saoudite applique une censure implacable de la Toile, seul espace où, ces dernières années, s’est développée une certaine forme de liberté d’expression et d’information. Les récentes condamnations de l'avocat blogueur Le Quoc Quan et du blogueur Dinh Nhat Uy en octobre dernier montrent que les internautes vietnamiens, les seuls à produire de l’information indépendante au Vietnam aujourd’hui, continuent d’être victime de la répression accrue du Parti. La Chine demeure quant à elle la plus grande prison du monde pour les journalistes, blogueurs et cyber-dissidents. La censure et la surveillance des voix dissidentes ne fait que se renforcer. Parmi les pays du continent américain, Cuba est le seul à ne pas tolérer de médias indépendants, à l’exception de quelques revues catholiques et l’utilisation d’internet reste étroitement contrôlée, malgré l’ouverture de quelques cyber-cafés à la Havane. Enfin, face à une société civile de plus en plus vocale, la Russie n’a de cesse de renforcer son arsenal de lois liberticides pour restreindre le champ de la liberté de l’information (re-pénalisation de la diffamation, filtrage administratif du web, instauration d’un délit de blasphème et interdiction de la “propagande homosexuelle”...). Le pays, où l’impunité des assassins et agresseurs de journalistes reste la règle, compte aujourd’hui trois journalistes privés de liberté. Au sein de certaines organisations régionales et internationales, il joue un rôle leader dans la remise en cause de l’universalité des droits de l’Homme.
Reporters sans frontières a rejoint une coalition d’une quarantaine d’ONG qui ont co-signé, à l’initiative de International Service for Human Rights (ISHR), un courrier adressé au Conseil des droits de l’homme et aux Etats candidats, leur demandant de s’engager de manière concrète en faveur des droits de l’homme et de coopérer avec les rapporteurs spéciaux des Nations Unies :
http://www.ishr.ch/news/human-rights-abusers-must-not-be-elected-human-rights-council
Publié le
Updated on
25.01.2016