Égypte : l’expulsion de quatre journalistes soudanais réfugiés mettrait en danger leur vie et leur sécurité

Quatre journalistes soudanais détenus dans un centre de réfugiés en Égypte risquent une expulsion imminente vers le Soudan, où ils pourraient subir des représailles en raison de leur activité journalistique. Reporters sans frontières (RSF) rappelle que le Soudan est une zone dangereuse pour les journalistes et exhorte les autorités égyptiennes à libérer les journalistes et assurer leur protection. 

Quatre journalistes soudanais sont détenus depuis plus d’un mois dans les geôles égyptiennes et sont menacés d’expulsion. Travaillant pour la chaîne de télévision soudanaise Sudan Bukra,  ils ont été arrêtés le 23 septembre dernier alors qu'ils enregistraient une interview avec Mohamed Hassan Bouchi, un défenseur des droits humains soudanais réfugié en Égypte. 

Les journalistes, titulaires de cartes d'enregistrement temporaire de demandeur d'asile délivrées par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ont fui leur pays en guerre, victimes d’exactions par les deux parties belligérantes. Depuis leur arrestation, ils ont dû faire face, avec le soutien de leurs avocats, à de nombreuses procédures judiciaires et administratives chaotiques, oscillant entre la menace d'une expulsion vers le Soudan et l'espoir de trouver refuge dans un pays plus sûr, comme l’Ouganda. 

Or cet espoir de refuge s’est éteint ce 22 octobre avec le placement des journalistes dans une prison militaire à Assouan en vue d’être refoulés par voies terrestres, selon leur avocate Iqbal Ahmed Ali. “L'obstination des parties concernées envers ces journalistes est surprenante… témoigne-t-elle auprès de RSF, à tel point que nous commençons à redouter que leur statut de journaliste ne se soit retourné contre eux. Après près d'un mois de détention, ce que nous constatons, c'est le manque de coordination entre le HCR et les autorités égyptiennes. 

Ces quatre journalistes réfugiés ne devraient être ni détenus ni expulsés pour avoir simplement accompli leur mission : couvrir une guerre qu’ils ne peuvent plus documentée depuis leur pays d'origine en raison des dangers imminents pour leur vie. Renvoyer ces professionnels des médias au Soudan constituerait non seulement une violation flagrante de leur droit à la sécurité, mais aussi un risque grave pour leur intégrité physique, compte tenu des représailles auxquelles ils seraient exposés. Nous appelons les autorités égyptiennes à stopper cette procédure de refoulement. Ces journalistes doivent être libérés et leur protection doit être assurée.  

Jonathan Dagher
Directeur du bureau Moyen-Orient de RSF

L’Égypte occupe le 170e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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