RSF dénonce l’incarcération scandaleuse des journalistes couvrant les manifestations en Turquie

Les juges d’Istanbul ont incarcéré quatre journalistes sur la base d'accusations injustes de “participation à des manifestations non-autorisées”. RSF dénonce des décisions arbitraires scandaleuses qui révèlent la grave ingérence du pouvoir sur la justice, dans une escalade dramatique de la répression de la liberté de la presse, qui doit maintenant cesser. RSF appelle à la libération immédiate de ces journalistes.


Mise à jour du 27/03 : La libération ce jeudi 27 mars des quatre journalistes interpellés le 24 mars et placés en détention préventive à Istanbul le lendemain – Yasin Akgul, Bulent Kiliç, Zeynep Kuray, Ali Onur Tosun – ainsi que celle du journaliste free-lance Yagiz Barut et de l’éditorialiste du quotidien BirGün (“Jour”) Baris Ince – qui étaient en garde à vue depuis trois jours à Izmir – est un soulagement. Cependant, le photoreporter free-lance Murat Kocabas, également interpellé ce 24 mars à Izmir, est toujours en garde à vue et doit être libéré.

Mise à jour du 28/03 : Le troisième journaliste interpellé à Izmir le 24 mars dernier, le photoreporter freelance Murat Kocabas a lui aussi été remis en liberté ce 28 mars. Si les sept journalistes ont été libérés, ils risquent cependant toujours d’être poursuivis en justice pour violation de la loi sur les manifestations et faire face à trois ans de prison. En outre, les opérations policières visant les journalistes continuent : interpellé le 26 mars, le journaliste de la BBC Mark Lowen a été expulsé le 27 mars, le jour même où le journaliste suédois du quotidien Dagens ETC Joakim Medin a été interpellé, dès son arrivée en Turquie, où il devait lui aussi couvrir les manifestations. Ce 28 mars, c’est au tour de la reporter du quotidien turc de gauche Evrensel (“Universel”), Nisa Sude Demirel d’être interpellée, à 6h00 du matin, à son domicile. La journaliste, qui couvrait les manifestations étudiantes ainsi que celles de la place de Saraçhane, a été transférée à la section antiterroriste de la Direction de sécurité d’Istanbul.

Mise à jour 29/03 : La reporter du quotidien Evrensel (Universel) Nisa Sude Demirel, interpellée hier matin à son domicile à Istanbul, a été remise en liberté ce 29 mars, en fin d'après-midi, sous contrôle judiciaire. Elle devra se rendre à un commissariat de police pour signer deux fois par semaine.


Ce mardi 25 mars, le parquet d’Istanbul a décidé d’incarcérer quatre des journalistes interpellés le 24 mars, dans le cadre de la répression exacerbée de la liberté de la presse face aux manifestations déclenchées par l’interpellation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 19 mars. Le photoreporter de l’AFP Yasin Akgul, le photoreporter indépendant Bulent Kiliç, le reporter de la chaîne Now Haber Ali Onur Tosun, ainsi que la journaliste free-lance Zeynep Kuray ont eu pour seul tort d’avoir fait leur métier, en couvrant ces manifestations massives. Ils sont pourtant injustement poursuivis pour violation de la loi 2911 sur les manifestations et rassemblements publics. Si leurs avocats n’obtiennent pas de résultat dans leur démarche d’appel, les journalistes pourraient être détenus pendant des semaines voire des mois, en attente d’un procès.

"C'est la première fois que des journalistes clairement identifiés comme tels, dans l'exercice de leurs fonctions, sont envoyés en détention sur la base de cette loi contre les rassemblements et les manifestations. Ces décisions scandaleuses reflètent une situation gravissime en Turquie. Ces décisions qui consistent à assimiler les professionnels de l’information à des manifestants relèvent non seulement d’une mauvaise foi éhontée, mais mettent également en lumière la grave ingérence du pouvoir sur la justice, pour museler les médias. Cette escalade dramatique de la répression de la liberté de la presse doit cesser. RSF appelle les autorités à libérer immédiatement les journalistes.

Erol Onderoglu
Représentant de RSF en Turquie

Quant au cinquième journaliste interpellé le 24 mars, le photoreporter freelance Murat Kocabas, le parquet d'Izmir n’a toujours pas rendu sa décision sur son sort.

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Publié le
Updated on 27.03.2025