Un an après le meurtre de Lyra McKee, la liberté de la presse reste menacée en Irlande du Nord

À la veille du premier anniversaire de la mort de la journaliste Lyra McKee, Reporters sans frontières (RSF) publie une enquête sur l’état préoccupant de la liberté de la presse en Irlande du Nord. De sérieuses menaces pèsent sur les journalistes qui couvrent le crime organisé et les activités des groupes paramilitaires. RSF appelle les autorités britanniques à s'attaquer à ce problème afin de prévenir de nouveaux actes de violence.

 

RSF dresse un état des lieux de la liberté de la presse en Irlande du Nord après avoir mené une mission de terrain à Belfast et Derry en mars 2020 au cours de laquelle des représentants de l’organisation ont pu interviewer des journalistes, des avocats et des représentants de la société civile et ont visité le quartier Creggan à Derry où la journaliste Lyra McKee a été assassinée le 18 avril 2019.  Elle est la première journaliste morte en exercice au Royaume-Uni depuis l’assassinat de Martin O'Hagan près de Belfast en septembre 2001.

 

Le rapport détaille le meurtre de Lyra McKee et l’évolution de l’enquête judiciaire qui a suivi, les difficultés auxquelles sont confrontés les journalistes qui enquêtent sur le crime organisé et les activités des groupes paramilitaires. Le rapport s'intéresse aussi au contexte juridique préoccupant et notamment aux pressions judiciaires exercées contre les journalistes d'investigation Trevor Birney et Barry McCaffrey. Le traitement réservé par la police aux journalistes en raison de leurs sources dans l’enquête sur le massacre du Loughinisland, constitue un précédent important.

 

La situation de la liberté de la presse en Irlande du Nord est de plus en plus préoccupante, comme en témoignent les récits de certains journalistes parmi les plus exposés aux danger que nous avons rencontrés à Belfast et Derry, déclare Rebecca Vincent, directrice du bureau de RSF à Londres. Rendre hommage à Lyra McKee, c’est également faire en sorte de protéger ceux qui continuent de prendre des risques importants pour informer. Ces questions doivent être traitées de toute urgence par les autorités britanniques afin d’empêcher de nouveaux actes de violence.” 

 

RSF souligne également la nécessité de résoudre l’affaire Martin O’Hagan. Personne n'a été condamné pour l’assassinat du journaliste commis en 2001. Mettre un terme au cycle de la violence contre les journalistes en Irlande du Nord, nécessite de s'attaquer à la fois aux actes de violence commis contre les journalistes mais aussi de se mobiliser contre l'impunité des crimes passés.

 

Le rapport contient une série de recommandations adressées aux autorités britanniques sur les mesures à prendre pour répondre à ces inquiétudes. Si le gouvernement britannique veut vraiment s’employer à défendre la liberté de la presse à l'échelle mondiale, il doit également répondre sans délai à ces préoccupations nationales urgentes.

 

Le Royaume-Uni se situe à la 33e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF 2019.

 

Le rapport complet est disponible ci-dessous.

Publié le
Mise à jour le 17.04.2020