Les autorités de Zanzibar continuent de harceler l'ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire interdit Dira
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Reporters sans frontières dénonce le harcèlement dont fait l'objet Ali Mohammed Nabwa, rédacteur en chef consultant de l'hebdomadaire privé Fahamu et ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Dira, suspendu depuis novembre 2003. Le journaliste a été une fois de plus déchu de sa nationalité tanzanienne par le département de l'Immigration du gouvernement semi-autonome de l'île de Zanzibar (Nord-Est), trois mois et demi après l'avoir obtenu du ministère tanzanien de l'Intérieur.
“Le gouvernement de Zanzibar continue d'être intolérant envers la critique, surtout lorsqu'elle provient de l'ancien rédacteur en chef de Dira. Il a donc décidé de tout faire pour empêcher ce journaliste d'exercer son métier, y compris en utilisant les combines bureaucratiques les plus grossières. Nous demandons une fois pour toutes au gouvernement de l'île de laisser travailler les journalistes en paix, de manière à permettre la population d'être informée de manière pluraliste et sereine”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 6 août 2006, Ali Mohammed Nabwa a reçu une lettre du département de l'Immigration de Zanzibar, l'informant que, n'étant pas un citoyen tanzanien, il était dorénavant considéré comme persona non grata dans l'île. Il lui était suggéré d'effectuer une nouvelle demande de naturalisation, moyennant la somme de 400 dollars, qui lui permettrait d'obtenir un permis de séjour temporaire. La lettre, qui était signée par A.K.H. Ramadhani, directeur adjoint de l'Immigration, affirmait que la décision avait été prise après des consultations avec le ministre de l'Intérieur. Pourtant, trois mois plus tôt, le 24 avril 2006, le journaliste avait reçu un courrier du même ministère tanzanien de l'Intérieur, sous la référence HAS.152/155/10/N/58, lui signifiant qu'il avait obtenu la nationalité tanzanienne.
“En tant que seul garant de la citoyenneté, le ministère de l'Intérieur a le dernier mot dans cette affaire. Par conséquent, je pose un ultimatum de deux semaines au département de l'Immigration pour qu'il me rende mes papiers. Dans le cas contraire, je n'aurais pas d'autre choix que de chercher à obtenir réparation en justice”, a déclaré Ali Mohammed Nabwa au quotidien The Guardian.
Agé de 60 ans, Ali Mohammed Nabwa est un journaliste reconnu, arrivé en Tanzanie peu après l'indépendance des Comores. Il était le rédacteur en chef de l'hebdomadaire le plus lu de l'archipel, Dira, connu pour ses positions en faveur du multipartisme et de la bonne gouvernance de Zanzibar. Il avait été déchu de sa nationalité une première fois, le 19 mars 2003, et son passeport confisqué, le 24 juin de la même année, sous prétexte qu'il n'était pas en règle.
Dira avait continué de paraître normalement, jusqu'à son interdiction, le 24 novembre 2003. Le gouvernement de Zanzibar avait alors ordonné sa suspension jusqu'à nouvel ordre, sous prétexte qu'il était “une menace pour l'unité nationale”. Le journal avait été condamné, un mois plus tôt, à payer une amende exorbitante pour avoir prétendument diffusé des informations “fausses et nuisibles” pour les enfants de Amani Karume, président de l'île. En janvier, l'hebdomadaire avait publié deux articles accusant les enfants Karume d'avoir profité de l'influence de leur père pour racheter des entreprises publiques.
Publié le
Updated on
20.01.2016