Hong Kong : raid de la police au siège d’Apple Daily, cinq cadres arrêtés
Reporters sans frontières (RSF) dénonce la descente de police, la seconde en moins d’un an, dans les locaux du quotidien hongkongais Apple Daily, et demande la libération de cinq cadres du journal, arrêtés le même jour.
Le 17 juin, cinq cadres dirigeants du média indépendant hongkongais Apple Daily; Ryan Law, Cheung Kim-hung, Royston Chow, Chan Pui-man et Cheung Chi-wai, respectivement rédacteur en chef, directeur général, directeur des opérations, éditeur adjoint et directeur d'Apple Daily Digital; ont été arrêtés sous l’accusation de “complot de collusion avec des forces étrangères”, un crime passible de la réclusion à perpétuité en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée l’an dernier par le régime chinois. En parallèle, lors d’une descente impliquant environ 500 policiers, les journalistes ont été chassés de leurs bureaux et leurs ordinateurs, téléphones et autres appareils ont été saisis. Les autorités ont aussi ordonné le gel de 18 millions de dollars hongkongais (2 millions d’euros) d’actifs détenus par Apple Daily.
« Ces arrestations, et cette nouvelle descente de police, montrent que le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire taire Apple Daily, un des derniers grands médias indépendants et symbole de la liberté de la presse à Hong Kong », s’indigne le directeur du bureau Asie de l'Est de Reporters sans frontières (RSF), Cédric Alviani, qui appelle à ce que « toutes les charges soient abandonnées et tous les prévenus immédiatement libérés ».
Ce n'est pas la première fois que la police hongkongaise perquisitionne le siège d’Apple Daily : en août 2020, 200 policiers avaient investi les locaux du média, interdisant aux journalistes du groupe d’accéder à la salle de rédaction et empêchant plusieurs grands médias de couvrir l’incident.
Jimmy Lai, le fondateur d’Apple Daily, lauréat du prix RSF pour la liberté de la presse 2020, est détenu depuis décembre 2020 et a récemment été condamné à un total de 20 mois de prison pour avoir pris part à trois manifestations pro-démocratie “non autorisées” à Hong Kong. Il fait encore face à six autres procédures, deux d’entre elles pouvant lui valoir la prison à vie en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
Autrefois bastion de la liberté de la presse, Hong Kong est passée de la 18e place en 2002 à la 80e place en 2021 au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.