Héros

Svetlana Reiter

Lorsque Svetlana Reiter reçoit le prix du journalisme politique Politprosvet, en 2013, elle se sent obligée de rappeler qu'elle s'intéresse avant tout aux sujets de société. Paradoxe d'un pays où politique et sociétal s'entremêlent de plus en plus étroitement. Caractéristique, aussi, d'une forme de journalisme du quotidien, à hauteur d'homme, à mille lieues des idéologies et des jeux de pouvoir. Svetlana Reiter ausculte le système pénitentiaire, la violence policière, elle va à la rencontre de jeunes autistes, de militants qui promeuvent d'autres politiques de lutte contre la drogue... Elle donne la parole à un jeune Caucasien attaqué par des nationalistes et aux policiers qui l'ont sauvé pour suggérer que derrière l'histoire de haine et de sang relayée par les médias, il y a aussi une histoire « de décence, d'espoir et d'amitié ». Ce sont ses enquêtes sur les prisonniers politiques de Bolotnaïa et les violences policières à Kazan qui seront récompensées par le prix Politprosvet. Mais d'autres articles lui valent des ennuis : en septembre 2012, pour une interview sur la torture en Tchétchénie, Svetlana Reiter est convoquée par le FSB en tant que témoin dans une enquête visant le directeur du Comité contre la torture. En mars 2014, comme la plupart de ses collègues, Svetlana Reiter claque la porte du site d'information Lenta.ru, réputé pour son indépendance et brusquement repris en main par le Kremlin.

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