Les députés européens solidaires des journalistes turcs emprisonnés

A l’initiative de Reporters sans frontières (RSF), des membres du Parlement européen lancent une campagne de soutien aux journalistes turcs emprisonnés.​

Le président des eurodéputés conservateurs écrit au journaliste turc emprisonné Şahin Alpay


Des eurodéputés libéraux écrivent au journaliste turc emprisonné Kadri Gürsel


Des eurodéputés socialistes écrivent à la journaliste emprisonnée Nazlı Ilıcak


Des eurodéputés GUE/NGL écrivent au journaliste d'investigation Ahmet Şık


Les eurodéputés écologistes écrivent au caricaturiste Musa Kart


RSF a sollicité cinq groupes parlementaires européens pour soutenir cinq journalistes turcs emprisonnés. Les eurodéputés écriront à ces personnalités pour leur témoigner leur solidarité. La journaliste Nazlı Ilıcak et son collègue Şahin Alpay, tous deux âgés de plus de 70 ans, sont derrière les barreaux depuis fin juillet 2016. Le caricaturiste Musa Kart et l’éditorialiste Kadri Gürsel, président du comité turc de l’International Press Institute (IPI), ont été arrêtés fin octobre. Le journaliste d’investigation Ahmet Şık, comme eux collaborateur du quotidien indépendant Cumhuriyet, les a rejoint en détention fin décembre.


Avec une centaine de journalistes derrière les barreaux, la Turquie est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias. La plupart, arrêtés dans le cadre de l’état d’urgence consécutif à la tentative de putsch du 15 juillet 2016, n’ont pas encore été jugés. Des dizaines d’entre eux sont soumis à un isolement sévère dans la section 9 de la prison de haute sécurité de Silivri, en banlieue d’Istanbul. La remise en liberté conditionnelle de 21 d’entre eux, ordonnée le 31 mars par un tribunal d’Istanbul, a été bloquée in extremis par un recours du parquet et de nouvelles inculpations.


“Le journalisme est aujourd’hui criminalisé en Turquie, dénonce Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Une ligne éditoriale critique du président Erdoğan suffit pour être jeté en prison, accusé de terrorisme et privé de tout recours effectif. Nous exigeons à nouveau la libération immédiate de tous les journalistes incarcérés du fait de leurs activités professionnelles et l’abrogation des décrets-lois adoptés sous l’état d’urgence, qui légalisent l’arbitraire et piétinent la liberté d’expression.”


La Turquie occupe la 155e place sur 180 au Classement 2017 de la liberté de la presse, publié par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch. Près de 150 titres ont été liquidés par décret et plus d’une centaine de journalistes sont actuellement en prison. Pas moins de 775 cartes de presse et des centaines de passeports de journalistes ont été annulés sans autre forme de procès. La censure d’Internet et des réseaux sociaux atteint des niveaux inédits.

Publié le
Updated on 16.06.2017