Urgence dans le sud-ouest de la Syrie : RSF appelle l’ONU à protéger des dizaines de journalistes en danger
L’avancée de l’armée syrienne dans la région de Quneitra, zone démilitarisée à la frontière avec Israël, expose plusieurs dizaines de journalistes à des dangers gravissimes. Reporters sans frontières (RSF) appelle l’ONU et les pays concernés à garantir au plus vite la sécurité de ces journalistes.
Face à la situation particulièrement alarmante de plusieurs dizaines de journalistes pris au piège dans le sud de la Syrie, depuis que l’armée du régime a repris la zone de Deraa, Reporters sans frontières (RSF) a saisi le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, l’envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, et les autorités des pays susceptibles d’accueillir les journalistes en danger en leur demandant de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leur sécurité et leur protection.
Une liste, compilée par les journalistes eux-mêmes, dénombre 69 journalistes en grand danger à Quneitra et Deraa. Il s’agit de reporters travaillant pour les chaînes syriennes Orient News, Syria TV, Al Jisr TV, Halab Today TV, ou des collaborateurs des agences internationales AFP et Reuters, ou de correspondants de réseaux d’information et organisations locaux comme Yaqeen, Shahed et Nabaa. La Syrian Journalist Association (SJA) a également répertorié des dizaines d’autres collaborateurs de médias et blogueurs pareillement menacés. Certains de ces journalistes ont fait part à RSF de leur peur d’être exécutés ou jetés en prison dès que le régime aura pris le contrôle total de la province. La répression menée depuis plus de sept ans par le régime syrien contre les journalistes rend leurs craintes légitimes, d’autant que nombre d’entre eux ont documenté la révolte depuis ses débuts et ont collaboré à la documentation des violations des droits humains commises par le régime syrien. Assimilés à l’opposition, ils risquent de subir des représailles particulièrement sévères.
Dans un courrier adressé au Secrétaire général des Nations unies le 11 juillet, demeuré confidentiel jusqu’à présent pour protéger les journalistes sur place, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, expliquait : “Un corridor humanitaire ou un accès discret à un territoire en paix dans les pays limitrophes figurent parmi les options possibles.”
RSF a également fait parvenir des courriers aux Premiers ministres israélien et jordanien; Benjamin Netanyahu et Omar al-Razzaz, pour leur demander d’autoriser au plus vite un passage à ces journalistes sur leur territoire.
“ Pour ces dizaines de journalistes syriens aujourd’hui en danger de mort, chaque heure compte, déclare Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF. Nous alertons la communauté internationale de l’extrême urgence de la situation. RSF rappelle que conformément au droit international, les parties au conflit, au premier rang desquelles le régime de Damas, sont responsables de la sécurité des journalistes. Nous demandons aux Nations unies et aux Etats voisins de la Syrie d’organiser leur évacuation au plus vite et demandons également aux Etats où les journalistes souhaiteraient se réfugier de les accueillir .”
La Syrie restait en 2017 le pays le plus dangereux pour les journalistes, et occupe la 177e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de presse 2018 établi par RSF.