Une nouvelle voix du journalisme indépendant condamnée arbitrairement en Tchétchénie

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Jalaoudi Guériev, jeune collaborateur du site d’information indépendant Kavkazsky Ouzel, a été reconnu coupable de “détention de drogue” par le tribunal du district de Chali, en Tchétchénie, le 5 septembre. L’accusation se fonde essentiellement sur des aveux extorqués au journaliste sous la menace, et sur lesquels il est revenu lors de son procès.

Simulacre de procès

Officiellement, Jalaoudi Guériev aurait été arrêté en possession de plus de 150 grammes de cannabis qu’il s’apprêtait à fumer. Mais les contradictions et vices de procédure abondent tout au long du dossier. Les témoignages produits par la défense ont été systématiquement ignorés. Ils confirmaient que le jeune homme avait été enlevé par trois hommes en civil, dans le minibus qui devait l’emmener à Grozny, d’où il devait se rendre à Moscou pour des raisons professionnelles. Jalaoudi Guériev a raconté à l’audience que ses ravisseurs l’avaient emmené dans les bois, frappé, torturé et interrogé, avant de lui confisquer son sac à dos et de l’emmener au cimetière du village de Kourtchaloï, où il est passé aux “aveux” et a été arrêté.

“Les accusations montées de toutes pièces contre Jalaoudi Guériev doivent être levées, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de Reporters sans frontières (RSF). Sa condamnation est un nouveau témoignage du harcèlement croissant des dernières voix indépendantes en Tchétchénie. Avec la bénédiction de Moscou, le régime de Ramzan Kadyrov s’enfonce dans une fuite en avant toujours plus répressive. La Russie, elle-même peu respectueuse de la liberté de la presse, encourage la persistance d’une zone noire où le travail des journalistes est devenu impossible.”

Toujours plus loin dans le harcèlement des voix critiques

Le journalisme indépendant est quasiment éradiqué en Tchétchénie, république autonome russe traumatisée par deux guerres sanglantes et dirigée d’une main de fer depuis 2007 par Ramzan Kadyrov. L’impunité des assassins de la célèbre journaliste et défenseure des droits de l’homme Natalia Estemirova, abattue en 2009, a renforcé le climat de peur qui règne dans la région. Une situation documentée par RSF dans deux rapports d’enquête successifs, en 2009 et 2011. Les tout derniers journalistes qui se risquent encore à passer outre l’unanimisme officiel et l’enthousiasme obligatoire subissent menaces, avertissements et pressions sur leurs proches.

Le harcèlement des voix critiques s’est encore brutalement accentué depuis un an : le moindre propos sur les réseaux sociaux est désormais susceptible d’entraîner les pires conséquences. Les enlèvements de figures publiques hétérodoxes se multiplient : le politiste Rouslan Martagov, critique de la situation des droits humains dans la république, a “disparu” entre le 1er et le 3 septembre. Deux académiciens, enlevés entre fin mars et début avril, étaient réapparus après des “excuses” publiques; un autre n’avait été relâché qu’après avoir été torturé et vit désormais reclus.

Un habitant d’un village de haute montagne, qui s’était plaint des conditions de vie locales et du manque d’attention des autorités dans une vidéo publiée en mai, a fini par s’excuser auprès de Ramzan Kadyrov après une campagne de harcèlement qui avait vu sa maison brûlée et ses voisins le désigner comme “ennemi”. En décembre 2015, le président tchétchène a contraint une femme qui l’avait critiqué sur Whatsapp à un humiliant simulacre d’“explications” à la télévision d’Etat.

Un nouveau palier a été franchi avec l’attaque, le 9 mars, d’un minibus transportant des journalistes russes et étrangers et des défenseurs des droits humains du Comité de prévention de la torture. Une vingtaine d’individus masqués ont frappé les passagers et les ont forcé à quitter leur véhicule avant de l’incendier, en Ingouchie, à quelques centaines de mètres de la frontière tchétchène. Ramzan Kadyrov pointe régulièrement du doigt les journalistes indépendants et l’opposition libérale russe comme autant de “traîtres” et d’“ennemis du peuple”.

La Russie occupe la 148e place sur 180 au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse, établi par RSF.

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Очередной независимый журналист был безосновательно приговорен к тюремному заключению в Чечне

Чеченский журналист Жалауди Гериев был приговорен 5 сентября 2016 г к трем годам тюрьмы. За официальным мотивом приговора - "хранение наркотиков", нетрудно разглядеть политическую мотивацию этого приговора. Журналист был фактически наказан за свою профессиональную деятельность, что стало очередным этапом в войне против независимой журналистики, которую ведет Глава Чеченской Республики Рамзан Кадыров.

Жалауди Гериев - молодой сотрудник независимого информационного портала "Кавказский узел". В своем решении от 5 сентября, Шалинский районный суд Чечни признал его виновным в хранении наркотиков. Обвинительный приговор преимущественно опирается на собственное признание журналиста, которое было получено от него при помощи угроз, и от которого он отказался в ходе слушаний.

Имитация судебного процесса

Согласно официальной версии, Жалауди Гериев был задержан, имея при себе более 150 г конопли, которую он приобрел для своего потребления. Однако материалы дела содержат многочисленные противоречия и процессуальные нарушения. В частности, суд проигнорировал показания свидетелей защиты, согласно которым Гериев был похищен тремя мужчинами в штатском во время поездки в маршрутном такси, на котором он ехал в Грозный, откуда он должен был вылететь в Москву по работе. На заседании суда, Гериев рассказал, что похитившие его лица отвели его в лес, где избивали, пытали и допрашивали его, после чего отобрали рюкзак и отвезли на кладбище села Курчалой, где он был арестован на основании "признания".

“Обвинения в отношении Жалауди Гериева - полностью сфабрикованы, и должны быть сняты" - заявил Йоханн Бир, глава отдела Восточной Европы и Центральной Азии в организации "Репортеры без границ" - "Уголовное дело и обвинительный приговор против него являются очередным примером растущего давления на то, что осталось от независимой журналистики в Чечне. С благословления Москвы, режим Рамзана Кадырова все дальше и дальше усиливает репрессии. Россия, страна в целом не особо заботящаяся о свободе прессы, способствует сохранению в стране темной зоны, где работа журналиста стала невозможна.”