Une figure du journalisme politique cible d'une campagne d'intimidation

Reporters sans frontières exprime son inquiétude face à la campagne d'intimidation menée à l'encontre du journaliste politique Thabo Thakalekoala, récemment élu président de l'organisation régionale de défense de la liberté de la presse Media Institute of Southern Africa (MISA). Depuis qu'il a couvert la scission du parti au pouvoir pour plusieurs médias internationaux, le journaliste est la cible de menaces de mort quotidiennes ainsi que sa famille, et se dit également frappé d'une interdiction d'intervention sur les ondes publiques. “Des telles méthodes sont lâches et perverses. Elle visent à museler un journaliste reconnu et sont intolérables dans un pays qui se dit démocratique. Un journaliste ne peut pas travailler librement dans un tel climat. Nous demandons aux autorités de prendre la situation au sérieux en soutenant publiquement ce journaliste et en condamnant la campagne de haine dirigée contre lui”, a déclaré Reporters sans frontières. Depuis plus de deux semaines, Thabo Thakalekoala, correspondant au Lesotho de la chaîne publique britannique British Broadcasting Corporation (BBC), de la chaîne publique sud-africaine South African Broadcasting Corporation (SABC), de l'Agence France-Presse (AFP), d'Associated Press (AP) et de la South African Press Association (Sapa), reçoit chaque jour des appels téléphoniques menaçants, passés depuis des cabines publiques. Les appels évoquent sa famille ou sa propre sécurité, lui lançant que ses “jours sont comptés” ou qu'il “ferait mieux de quitter le pays”. Le 6 novembre 2006, Adam Lekhoaba, journaliste de la station de radio privée Harvest FM, qui avait réalisé une interview de Thabo Thakalekoala, a reçu l'avertissement d'un auditeur anonyme sous forme de message SMS : “Faites attention à ne pas être le prochain”. Thabo Thakalekoala avait couvert pour plusieurs médias internationaux la scission récente du Lesotho Congress for Democracy (LCD, au pouvoir). Le 9 octobre, Tom Thabane, ancien ministre de la Communication, a fait défection pour créer son propre parti, la All Basotho Convention (ABC), bouleversant le paysage politique lesothan à quelques mois des élections générales. Le journaliste soupçonne que les menaces dont il est victime pourraient venir de partisans du LCD, l'accusant de partialité en raison de son amitié supposée pour l'homme politique. Le journaliste assure que ses relations avec Tom Thabane sont “strictement professionnelles”. “Bien sûr, c'est une situation difficile, mais je suis quelqu'un de têtu et je continuerai à faire mon travail sans me laisser impressionner”, a déclaré Thabo Thakalekoala, contacté par Reporters sans frontières, affirmant en outre qu'il avait porté plainte auprès des services de renseignements. Il a indiqué par ailleurs qu'après une intervention sur la station publique Radio Lesotho, le ministère de la Communication, des Sciences et de la Technologie aurait donné la consigne verbale de ne plus le recevoir dans les émissions des chaînes publiques. Tom Mapesela, le directeur de MISA-Lesotho, serait également concerné. Les deux journalistes sont très engagés dans la campagne pour l'indépendance des médias publics, dans un pays où ceux-ci sont encore très dépendants des autorités.
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Updated on 20.01.2016