Une ancienne correspondante refoulée à son arrivée en Egypte

Une journaliste française, Nina Hubinet, correspondante en Egypte jusqu’en 2013 a été interdite d’entrée sur le territoire égyptien, après avoir été notamment interrogée sur sa couverture des événements de la Place Tahrir. Reporters sans frontières (RSF) regrette cette nouvelle marque de méfiance envers les journalistes.

La journaliste française Nina Hubinet est arrivée au Caire ce vendredi 25 mai pour simplement passer une semaine de vacances dans le pays où elle a vécu cinq ans comme correspondante pour différents médias français et francophones, dont La Croix et Ouest France. Lors du contrôle des passeports, les services de sécurité égyptiens l’ont informée que son nom figurait sur une “liste noire”. Puis, elle a été interrogée sur un de ses articles écrit en 2013 sur la cause des Nubiens mais également sur sa couverture des événements de 2011. La police égyptienne cherchait notamment à savoir si elle comptait revoir des manifestants de la place Tahrir qu’elle avait rencontrés à l’époque.


“Sur quelle base l’Egypte dresse t-elle ses listes noires de journalistes non grata ? Quel tort ont commis les anciens correspondants étrangers basés au Caire si ce n’est d’avoir fait leur travail de journalistes au moment où ils étaient en poste? La méfiance de principe envers les journalistes dont font preuve les autorités égyptiennes est extrêmement préoccupante ”, déplore Sophie Anmuth, en charge du bureau Moyen-Orient de RSF.


Bien que très au fait de la répression particulièrement sévère qui s’abat sur les journalistes et les activistes en ce moment, comme elle l’évoque dans un témoignage partagé sur Facebook, Nina Hubinet ne s’imaginait pas que les autorités égyptiennes puissent la considérer comme gênante. Elle n’avait plus écrit sur l’Egypte depuis 2014. Lorsqu’elle vivait en Egypte, elle travaillait notamment pour le journal La Croix, tout comme, plus tard, le journaliste Rémy Pigaglio qui a été,lui, interdit d’entrée en Egypte en 2016. Plus récemment, en mars dernier, c’est la journaliste britannique Bel Trew, qui travaillait pour le Times, qui avait été expulsée par les autorités égyptiennes.


L’Egypte occupe la 161ème place sur 180 pays dans le Classement 2018 sur la liberté de la presse dans le monde établi par Reporters sans frontières. Au moins 35 journalistes et journalistes-citoyens sont actuellement emprisonnés dans ce pays pour leur travail.


Publié le
Updated on 31.05.2018