Un rédacteur en chef condamné par contumace à cinq ans de prison pour diffamation

Reporters sans frontières est indignée par la condamnation du rédacteur en chef du journal privé “Al-Umma”, Amara Abdallah Al-Khitabi, à cinq ans de prison et une amende de 250 000 dinars libyens pour diffamation envers le système judiciaire.

Amara Abdallah Al-Khitabi, rédacteur en chef du journal Al Umma depuis 2012, a été condamné par contumace à cinq ans de prison et une lourde amende (environ 191 000 dollars) par la cour d’appel de Tripoli pour avoir publié en novembre 2012 une liste de 87 magistrats qu’il soupçonne d’être corrompus. Le verdict est tombé le 17 août, mais le journaliste et son avocat n’ont été informés de sa condamnation que la semaine dernière, selon l’avocat. “Le journaliste Al-Khitabi ne mérite pas d’aller en prison pour avoir publié cet article”, déclare Virginie Dangles, adjointe à la directrice des programmes de l’organisation. “Nous exhortons les autorités libyennes à revenir sur leur décision et abandonner les charges contre le journaliste”. Le journaliste, âgé de 68 ans, avait été arrêté en décembre 2012 pour avoir publié un mois avant une liste de 87 noms de juges et procureurs accusés de corruption et de détournement de fonds, dont la source n’a pas été révélée par le journaliste. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, cette liste circulait sur les réseaux sociaux à une date antérieure à la publication de l’article dans Al-Umma. Amara Abdallah Al-Khitabi était poursuivi en vertu de l’article 195 du code pénal datant de l’ère Kadhafi qui est hautement controversé et liberticide. L’amendement de la loi pénale voté le 5 février 2014 par le Parlement de transition libyen, le Congrès national général (GNC), n’apporte pas plus de garanties concernant la liberté de l’expression en Libye que sous l’ère de Kadhafi. Le journaliste avait été libéré en avril 2013 pour des raisons de santé et avait été assigné à résidence et interdit de voyager après avoir passé quatre mois en prison. Son avocat, Ramadan Salem, envisage d’introduire un recours contre la cour, estimant que le verdict est tombé à une période où les juridictions à Tripoli étaient paralysées en raison des affrontements entre milices rivales. Selon Human Rights Watch, le journaliste qui doit payer des dommages à chacun des cinq plaignants de l’affaire, se voit privé de ses droits civiques durant son emprisonnement et jusqu’à un an après sa libération. Il est également interdit d’exercer sa fonction depuis la prison. Pour rappel, Amara Al-Khitabi fait partie de la liste des “100 héros de l’information” établie en 2014 par Reporters sans frontières à l’occasion de la journée mondiale de la presse. La Libye figure à la 137ème place sur 180 du Classement 2014 sur la liberté de la presse établi par l’organisation.
Publié le
Updated on 20.01.2016