Un quatrième journaliste tué par balle à Mossul en moins de deux mois

Reporters sans frontières condamne fermement l’assassinat le 24 novembre 2013, à Mossoul, de ‘Alaa Edward Boutros, cameraman de la chaîne de TV locale Nineveh Al-Ghad soutenue par les autorités locales de la province de Ninawa. ‘Alaa Edwar a été tué par balles par des inconnus, non loin de son domicile, dans le quartier Al-Majmoaa Al-Thakafiya, situé au nord de Mossoul. Atteint de trois balles, notamment à la tête et en pleine poitrine, le journaliste est mort sur le coup. Agé de 41 ans, il avait auparavant travaillé pour la chaîne Al-Rashid, et pour de nombreuses autres chaînes de télévision en tant que cameraman freelance. “Nous présentons nos sincères condoléances à la famille de ‘Alaa Edwar ainsi qu’à ses collègues. Nous sommes vivement préoccupés par la dégradation du climat sécuritaire dont sont victimes les acteurs de l’information en Irak, et particulièrement dans la province de Ninawa”, a déclaré Reporters sans frontières. “Il s’agit du quatrième journaliste tué par balles en moins de deux mois à Mossoul, dans des circonstances similaires. Jusqu’à présent, l’identité des responsables de ces assassinats n’a pas été déterminée. Nous exhortons les autorités nationales et locales à mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour que des enquêtes indépendantes, qui n’écartent pas la piste professionnelle, soient menées et qu’elles conduisent à traduire les auteurs et commanditaires de ces actes odieux en justice. Par ailleurs, les forces de sécurité ont eu connaissance d’une liste comportant les noms de 44 journalistes menacés de “liquidation physique”. Nous demandons aux autorités de prendre toutes les mesures pour assurer leur protection”, a ajouté l’organisation. L’assassinat de ‘Alaa Edwar est le dernier d’une série de quatre assassinats visant délibéremment les acteurs de l’information irakiens. Ainsi, le correspondant de la chaîne Al-Sharqiya TV Mohamed Karim Al-Badrani et son cameraman Mohamed Al-Ghanem étaient en train de réaliser un reportage sur la préparation de l’Aïd Al-Adha au marché d’Al-Sarjakhaneh, dans le centre de Mossoul, le 5 octobre 2013, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu dans leur direction et les ont mortellement touchés à la tête. Le cameraman de la chaîne Al-Mosuliya, Bashar Abdulqader Najm Al-Nouaïmi a quant à lui été tué à l’arme à feu par des inconnus armés de silencieux, devant son domicile, dans l’après-midi du 24 octobre. Trois jours plus tard, le correspondant de la chaîne Al-Masar TV, Falah Hassan, a été grièvement blessé par balle par un groupe d’hommes armés. Les acteurs irakiens de l’information font l’objet de nombreuses menaces, notamment lorsqu’ils couvrent des sujets liés à la corruption et à la violence armée. Certains d’entre eux préférent alors changer de ville, voire s’exiler. A l’instar de Houssam Mahmoud Farj, et Salim Mohamed menacés de mort suite à la diffusion sur la chaine satellitaire Al-Etejah du documentaire à la fin du mois d’octobre, “Le règne du chaos”, dans lequel ils dénoncent la corruption dans les institutions étatiques. Houssam Mahmoud Farj avait déjà fait l’objet de menaces en raison de ses reportages. L’Irak figure au 150ème rang (sur 179) du classement mondial de la liberté de la presse 2013 de RSF et au premier rang de l’indice de l’impunité, établi chaque année par le Comité pour la Protection des Journalistes.
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Mise à jour le 20.01.2016