Un photojournaliste oublié en prison depuis plus d’un an

Arrêté lors du massacre de la place Rabaa Al-Awadiya en 2013 et détenu depuis plus d’un an sans inculpation, le photojournaliste freelance Mahmoud Abu Zeid attend d’être jugé dans la prison de Tora au Caire. Sa détention provisoire a été renouvelée une nouvelle fois le 2 octobre pour 45 jours.

Reporters sans frontières condamne l’arrestation et l’emprisonnement arbitraire du photojournaliste freelance Mahmoud Abu Zeid. Connu sous le pseudonyme de “Shawkan”, Mahmoud Abu Zeid, 27 ans, avait été arrêté le 14 août 2013 dans la rue Al-Tayaran alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces de l’ordre et et les manifestants pro-Morsi de la place Rabaa Al-Awadiya pour les agences Demotix et Corbix. Sans charge, ni procès, le journaliste, qui a été transféré dans différentes prisons, est détenu depuis décembre 2013 dans la prison de Tora, le plus grand établissement pénitentiaire du Caire. Le journaliste, de santé fragile, a été soumis à de très mauvais traitements depuis son arrestation, selon Amnesty International. “Interpeller et arrêter des journalistes de manière préventive avec des accusations infondées illustre bien la répression organisée contre toute voix indépendante dans le pays, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des Programmes de Reporters sans frontières. La situation des journalistes en Egypte est devenue très préoccupante. RSF exhorte les autorités égyptiennes à libérer immédiatement et inconditionnellement Mahmoud Abu Zeid et appelle la communauté internationale à relayer et soutenir son cas afin qu’il soit libéré au plus vite”. Emotionnellement épuisé, Mahmoud Abu Zeid compare sa situation en prison à “un trou noir où toutes les choses se ressemblent, où tout est noir”. Son frère a mis en place une page Facebook pour mobiliser la communauté internationale sur son cas. Pour rappel, trois journalistes - Ahmed Abdel Gawad, Mosab Al-Shami et Mick Dean - avaient été tués lors de cet épisode sanglant de l’histoire contemporaine de l’Egypte sur la place Rabaa Al-Awadiya, parmi les 700 à 1000 victimes de la répression. Un an plus tard, aucune enquête n’a été ouverte et aucun des responsables de ces massacres n’a été inquiété. Le présentateur vedette et humoriste Bassem Youssef poursuivi Présentateur sur la chaîne CBC, Bassem Youssef n’en est pas à sa première poursuite judiciaire. Cette fois-ci, la plainte a été déposée par des avocats à la suite d’un tweet publié par Khaled Abou Bakr, un des présentateurs du débat télévisé “Al-Qahera Alyoum” diffusé par la chaîne satellitaire privée pro-gouvernementale Orbit, déclarant que l’humoriste avait insulté le président Sissi en public. Une enquête a donc été ouverte, les plaignants ont demandé entre autres le retrait de sa nationalité . En attendant, Bassem Youssef est interdit de sortie de territoire. Ce dernier n’a pas tardé à réagir sur Twitter en moquant les propos calomnieux à son encontre, une pratique souvent utilisée par des personnes voulant se faire bien voir du régime. L’humoriste avait déjà été poursuivi par le gouvernement pour insultes au président déchu Mohamed Morsi et un mandat d’arrêt avait été émis à son encontre en mars 2013. Le président Morsi avait finalement retiré sa plainte en avril 2013 par “respect pour la liberté d’expression et la liberté de la presse”. Le programme humoristique de Bassem Youssef a été censuré plusieurs fois avant d’être interdit de diffusion en juin 2014 suite à de nombreuses pressions du gouvernement.
Publié le
Updated on 20.01.2016