Un journaliste suisse agressé par le service d’ordre du président camerounais : RSF demande des sanctions

Reporters sans frontières (RSF) condamne l’agression d’un journaliste suisse par les gardes du corps de Paul Biya à proximité d’un hôtel de Genève dans lequel séjourne actuellement le président camerounais et demande aux autorités suisses et camerounaises de ne pas laisser cet acte impuni.

Adrien Krause, journaliste pour la Radio Télévision Suisse (RTS), couvrait un rassemblement d’opposants au président Paul Biya à côté de l’hôtel Intercontinental de Genève dans lequel réside actuellement le chef de l’Etat camerounais, lorsqu’il a été agressé par plusieurs individus appartenant au service d’ordre du président mercredi 26 juin. Le journaliste affirme avoir été “molesté”. Son matériel et son téléphone portable ont également été confisqués plusieurs heures avant de lui être restitués après l’intervention du département fédéral suisse des Affaires étrangères. Le journaliste a déposé une plainte.

Dans un communiqué diffusé vendredi, la section suisse de RSF a demandé aux autorités helvétiques de donner “toutes les suites qui s’imposent en dépit des difficultés juridiques et diplomatiques qui pourraient intervenir”. La Suisse joue actuellement le rôle de médiatrice dans la crise qui oppose le gouvernement camerounais aux séparatistes des régions anglophones du pays. Le président camerounais effectue par ailleurs très régulièrement des séjours privés en Suisse, pays dans lequel il aurait passé plus de quatre ans et demi cumulés depuis son arrivée au pouvoir en 1982 selon une enquête publiée l'année dernière.

“Si des éléments rattachés à la présidence peuvent agresser des journalistes en toute impunité, y compris à l’étranger, cela enverrait un message terrible à l’endroit de celles et ceux qui exercent, en Suisse comme au Cameroun, leur mission d’information, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. L’immunité diplomatique dont bénéficie le président ne s’applique pas à son service d’ordre. Les auteurs de cette agression doivent être mis à la disposition des autorités judiciaires compétentes et sanctionnés comme il se doit”. 


Paul Biya a été reconduit pour un septième mandat de président en octobre dernier. RSF avait dénoncé plusieurs arrestations de reporters en marge de l’élection. Les agressions et détentions arbitraires de journalistes sont fréquentes au Cameroun. RSF a récemment écrit au président camerounais pour lui demander la libération de l’ex-directeur de la CRTV Amadou Vamoulké détenu depuis près de trois ans. 

Le Cameroun et la Suisse occupent respectivement la 131e et la 6e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019.

Publié le
Mise à jour le 01.07.2019