Un journaliste local, correspondant de l'AFP, tenu à l'écart d'une opération de l'armée contre l'orpaillage clandestin

Reporters sans frontières demande à la préfecture de Guyane et aux autorités militaires régionales de Guyane de fournir des explications après l'incident dont a été victime, le 3 octobre 2008, Frédéric Farine, journaliste à l'hebdomadaire local La Semaine Guyanaise et correspondant régional de l'Agence France-presse (AFP), Radio France Internationale ainsi que du quotidien La Croix. Le reporter semble avoir été délibérément tenu à l'écart d'une opération sur un site d'orpaillage clandestin dans le centre du pays, pilotée par la préfecture et les forces armées de Guyane (FAG). “Nous protestons tout d'abord contre le principe d'une sélection des journalistes par les autorités, d'autant plus surprenante que ces dernières sont à l'initiative de la médiatisation d'un événement. Comment comprendre, de surcroît, que le personnel militaire ait pu ainsi mettre à l'écart le correspondant en Guyane de l'un des principaux médias nationaux, à savoir l'AFP ? Enfin, nous rappelons que Frédéric Farine avait déjà été victime d'un procédé identique lors d'une visite dans la région, en 2004, de la ministre de l'Outre-mer de l'époque, Brigitte Girardin (lire communiqué du 24 septembre 2004). Le journaliste se félicitait pourtant, depuis cette affaire, de ‘bonnes relations' avec la préfecture. Nous espérons avoir au plus vite des explications sur ce qui nous apparaît au mieux comme une maladresse, au pire comme une exclusion”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 2 octobre 2008, la préfecture a invité plusieurs médias à couvrir, à bord d'un hélicoptère de l'armée, le démantèlement par les FAG d'un site d'orpaillage clandestin dans la région de Saül (Centre). Figuraient notamment, parmi les invités, le correspondant de l'agence Reuters et les représentants de trois médias locaux : la télévision privée ACG, Radio France Outremer (RFO, radio et télévision) et le quotidien France-Guyane. Surpris par son éviction, Frédéric Farine a déclaré à Reporters sans frontières avoir tenté le jour même d'obtenir des explications auprès des autorités. Un officier supérieur des forces armées lui a alors expliqué que la “ligne éditoriale” de la Semaine Guyanaise ne convenait pas à l'armée. Lors d'une telle opération médiatique, l'officier a indiqué avoir besoin de “garanties”, se référant notamment à une “relecture préalable” des articles de l'hebdomadaire. Interrogées par France-Guyane, un autre média local qui a rapporté l'incident, les autorités ont évoqué officiellement un “problème de poids” dans l'hélicoptère. Mais de façon plus confidentielle, un officier a confirmé que les articles du journaliste ne mettaient pas assez “en valeur” les opérations des FAG. Frédéric Farine s'est dit “éberlué” par ce traitement surprenant. Le journaliste a justement multiplié les enquêtes sur les sites d'orpaillage, en s'y rendant souvent par ses propres moyens.
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Updated on 20.01.2016