Un journaliste détenu depuis onze jours

Vincent Matovu, directeur de la rédaction de Mazima, un hebdomadaire local en langue luganda, est incarcéré à la prison de Luzira depuis le 6 janvier 2003, suite à la publication de deux articles traitant de la guerre entre les rebelles et le gouvernement dans le nord du pays. "Encore une fois, cette affaire montre que les journalistes ne sont pas libres de publier leurs analyses sur le conflit qui oppose les groupes rebelles aux forces gouvernementales", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Basoga Nsadhu, ministre de l'Information. L'organisation rappelle que, dans un document du 18 janvier 2000, Abid Hussain, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a demandé "à tous les gouvernements de veiller à ce que les délits de presse ne soient plus passibles de peines d'emprisonnement, sauf pour des délits tels que les commentaires racistes ou discriminatoires ou les appels à la violence". Il avait ajouté que "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme". Sans se prononcer sur le fond de cette affaire, Reporters sans frontières a demandé au ministre de tout mettre en œuvre pour la libération du journaliste et la tenue d'un procès juste et équitable. Vincent Matovu est accusé de sédition pour avoir affirmé, dans deux articles, en octobre et novembre 2002, que les rebelles de la LRA (Armée de résistance du Seigneur) ont tué des milliers de soldats de l'UPDF (Forces de défense populaire de l'Ouganda) et ont pris possession des districts de Pader et Kapchorwa (dans le nord et l'est du pays). Après avoir comparu devant un tribunal de Kampala et nié les accusations retenues contre lui, il a été placé en détention préventive le 6 janvier à la prison de Luzira, près de Kampala. Les sanctions prises à l'encontre du journaliste empêchent Mazima de paraître depuis fin décembre 2002. Vincent Matovu doit être jugé le 21 janvier. Reporters sans frontières rappelle que trois journalistes de The Monitor ont comparu devant la cour en octobre dernier pour avoir publié de "fausses informations menaçant la sécurité nationale", suite à la parution d'un article traitant du conflit entre les rebelles et les forces gouvernementales dans le nord du pays. La police a occupé les locaux du journal et empêché sa parution pendant une semaine.
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Updated on 20.01.2016