Un des plus grands journalistes et défenseur des droits de l'homme passé à tabac

A l'heure où Reporters sans frontières et le réseau Damoclès rendent public un rapport d'enquête sur les circonstances de la mort en détention de la fille de la journaliste Lira Baïssetova, Sergueï Douvanov, un des plus grands journalistes, également défenseur des droits de l'homme, a été sauvagement agressé par trois inconnus en rentrant chez lui dans la soirée du 28 août. Gravement blessé à la tête, il a été transporté à l'hôpital. Reporters sans frontières s'alarme devant la multiplication des agressions contre les journalistes indépendants. "La situation au Kazakhstan est de plus en plus périlleuse pour les représentants des médias indépendants qui critiquent la police ou le Président. En quelques semaines, deux journalistes ont été violemment frappés et la fille d'une journaliste d'opposition est décédée dans des conditions suspectes alors qu'elle se trouvait en garde à vue", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Les coupables doivent être retrouvés et déférés devant la justice", a-t-il ajouté. Sergueï Douvanov, journaliste proche de l'opposition et rédacteur du magazine Bulletin, publié par le Bureau international de défense des droits de l'homme, est réputé pour être l'un des journalistes les plus critiques envers les autorités. Il dénonce régulièrement le harcèlement qu'elles exercent sur les médias indépendants et sur l'opposition, et fait lui-même l'objet de poursuites judiciaires pour atteinte à l'honneur et à la dignité du président Noursultan Nazarbaïev. Selon Rozlana Taulkina, présidente de l'organisation kazakhe "Journalisti bez bed" ("Journalistes en danger") : "Exercer la profession de journaliste au Kazakhstan revient à mettre sa vie en danger". Lors de la mission d'enquête de Reporters sans frontières-Damoclès sur les circonstances de la mort en détention de la fille de la journaliste d'opposition Lira Baïssetova (cf. Rapport sur www.rsf.org) en juillet 2002 à Almaty, le représentant des deux organisations avait rencontré à plusieurs reprises Sergueï Douvanov qui lui avait livré ses hypothèses concernant cette affaire. Ce journaliste ne doutait pas un seul instant de la responsabilité criminelle des fonctionnaires de police dans la mort de la jeune femme et considérait que les autorités judiciaires étaient prêtes à tout pour les protéger et étouffer cette affaire. Sergueï Douvanov avait également relaté les différentes mesures d'intimidation et les pressions judiciaires dont il faisait l'objet de la part des autorités. "Je suis encore libre et en bonne santé, mais cela peut ne pas durer", avait-il conclu.
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Updated on 20.01.2016