Un début de mois de juin placé sous le signe de la répression et de la censure
Organisation :
Reporters sans frontières s’inquiète des récents épisodes de censure sur internet en Chine, qui ont amené à l’arrestation d’un blogueur, au licenciement d’un journaliste, ainsi qu’au musellement de tout débat sur les événements du 4 juin 1989 sur la place Tian’anmen, dont c’était hier le 23ème anniversaire.
“Vingt-trois ans après le massacre de Tian’anmen, le gouvernement chinois continue de réprimer toute critique à son encontre et de filtrer l’information. Les méthodes ont changé, la censure se fait aujourd’hui largement sur Internet. Non seulement les journalistes doivent se plier aux directives de l’agence de presse officielle Xinhua et du ministère de la Propagande dans la rédaction de leurs articles, mais ils doivent également faire attention aux messages qu’ils publient sur les réseaux sociaux”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Toutefois, un traitement privilégié semble être réservé aux journalistes qui publient des commentaires favorables au régime, alors que les messages critiques sont immédiatement sanctionnés.”
Weibo : piège à journalistes
La semaine dernière, Yu Chen 喻尘, 39 ans, rédacteur en chef du bureau d’investigation du Southern Metropolitan Newspaper (南方都市报), a été suspendu de son poste, puis contraint de démissionner suite à un commentaire publié sur le compte officiel de son journal sur le site de microblogging Sina Weibo. Le message incriminé, immédiatement effacé par les autorités, critiquait, d’un ton ironique, le contrôle exercé par le Parti communiste chinois sur l’armée nationale. Bien que Yu Chen ne soit pas l’auteur avéré du commentaire, les autorités considèrent souvent les rédacteurs et webmasters responsables des contenus publiés. Yu Chen n’est pas le premier journaliste à payer les conséquences d’un message sur Weibo. Le 9 avril 2012, le reporter de la télévision d’État CCTV, Zhao Pu 赵普, a été suspendu de ses fonctions pour avoir publié un message d’avertissement sur des aliments dangereux pour la santé. Le 23 mars, le journaliste économique Li Delin 李德林 a été détenu suite à la publication d’un message dénonçant des mouvements de troupes sur Pékin. À l’inverse, le présentateur du journal télévisé de la CCTV, Yang Rui 杨锐, n’a reçu aucune sanction pour un message publié sur Sina Weibo, le 16 mai 2012, dans lequel il lançait une offensive véhémente contre les étrangers résidant en Chine, traités d’ “ordures” et de “serpents” et accusés de pratiquer le trafic d'êtres humains et l’espionnage, de répandre des fausses informations sur la Chine et d’en voler les richesses. Le message se terminait par une attaque directe à l’égard de Melissa Chan, la correspondante en langue anglaise d’Al-Jazeera à Pékin, expulsée du territoire chinois le 8 mai 2012. Dans le message de Yang Rui on pouvait lire: “Nous nous sommes libérés de cette “salope” étrangère et nous avons fermé le bureau d’Al-Jazeera à Pékin. On devrait faire taire ceux qui diabolisent la Chine et les chasser du pays.” Dans un article paru le 23 mai, le Global Times, voix du parti, prend la défense de Yang Rui et minimise sa faute, réduite à un manque de sensibilité. Le message de Yang Rui est d’ailleurs cohérent avec la campagne de 100 jours, lancée par le Bureau de sécurité publique de Pékin, le 15 mai, pour “nettoyer” la ville des résidents étrangers illégaux. Les journalistes ne sont pas les seuls sanctionnés pour les propos qu’ils tiennent sur Weibo. Selon une information du 2 juin, relayée par le site d'information Tianshan, dans la ville d'Urumqi (région du Xinjiang), un net-citoyen ouighour a été arrêté pour avoir “répandu des rumeurs” sur le site de microblogging. Connu sous le nom de Pami'er Yasen 帕米尔·亚森, il avait posté des informations trouvées sur un autre site web à propos de la mort suspecte d’un enfant de douze ans, en centre de détention. Il est accusé par la police d’avoir diffusé des fausses informations, d'avoir incité à la discussion sur ce sujet, d'avoir perturbé l'ordre social, d'avoir mis en danger la société, violant ainsi l'article 47 du "Code pénal pour la sécurité publique en République populaire de Chine" 23ème anniversaire du massacre de Tian’anmen : la censure en ligne s’endurcit
Les autorités chinoises ont renforcé la censure sur Internet pour empêcher la commémoration du 23ème anniversaire de la répression sur la place Tian’anmen. Sur le site de microblogging Sina Weibo, les recherches en relation avec cet anniversaire ont été bloquées le lundi 4 juin. Les termes se rapportant au 4 juin et au nombre 23, le mot “bougie” et l’expression “n’oubliez jamais”, entre autres, sont venus allonger une liste déjà longue de mots “interdits” par la censure chinoise. Les utilisateurs du site ont pu lire un message les avertissant que le résultat de la recherche ne pouvait être affiché “en raison de lois, règlements et politiques en vigueur” rapporte le quotidien Chicago Tribune. Weibo a également bloqué la possibilité de changer les photos sur le profil des utilisateurs afin d’éviter la diffusion de photos commémorant l’anniversaire. Cependant, certaines images ont réussi à passer la barrière de la censure, comme des images interdites de soldats sur la place Tian’anmen juste après la répression de 1989 publiées sur Twitter et sur son blog par le blogueur Zola. Cette censure a provoqué un tollé sur la blogosphère où les internautes ont également parlé d’ “harmonisation” de leurs messages par les censeurs quelques minutes seulement après les avoir publiés. Parmi les messages effacés, on trouve une blague sur la censure en ligne, publiée le 4 juin sur Sina Weibo par un journaliste travaillant à Pingdu (région du Shandong), Chen Baocheng 陈宝成, et immédiatement retirée par les autorités. Afin de lutter contre l’oubli et commémorer l’anniversaire de Tian’anmen, Reporters sans frontières s’est associée aux différentes manifestations à travers le monde, en accueillant hier dans ses locaux une conférence de presse organisée par des organisations membres du Comité de soutien à Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix condamné, en 2009, à onze ans de prison en raison de son combat pour les droits de l’homme en Chine. Le dissident chinois Zhang Jian 张健 a participé à l’événement, apportant son témoignage personnel des manifestations de 1989 à Pékin et du mouvement de commémoration du 4 juin (六四), qui a vu l’organisation de rassemblements dans plusieurs villes du monde. La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, a perdu six places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières et figure désormais à la 174ème place, sur 179 pays.
La semaine dernière, Yu Chen 喻尘, 39 ans, rédacteur en chef du bureau d’investigation du Southern Metropolitan Newspaper (南方都市报), a été suspendu de son poste, puis contraint de démissionner suite à un commentaire publié sur le compte officiel de son journal sur le site de microblogging Sina Weibo. Le message incriminé, immédiatement effacé par les autorités, critiquait, d’un ton ironique, le contrôle exercé par le Parti communiste chinois sur l’armée nationale. Bien que Yu Chen ne soit pas l’auteur avéré du commentaire, les autorités considèrent souvent les rédacteurs et webmasters responsables des contenus publiés. Yu Chen n’est pas le premier journaliste à payer les conséquences d’un message sur Weibo. Le 9 avril 2012, le reporter de la télévision d’État CCTV, Zhao Pu 赵普, a été suspendu de ses fonctions pour avoir publié un message d’avertissement sur des aliments dangereux pour la santé. Le 23 mars, le journaliste économique Li Delin 李德林 a été détenu suite à la publication d’un message dénonçant des mouvements de troupes sur Pékin. À l’inverse, le présentateur du journal télévisé de la CCTV, Yang Rui 杨锐, n’a reçu aucune sanction pour un message publié sur Sina Weibo, le 16 mai 2012, dans lequel il lançait une offensive véhémente contre les étrangers résidant en Chine, traités d’ “ordures” et de “serpents” et accusés de pratiquer le trafic d'êtres humains et l’espionnage, de répandre des fausses informations sur la Chine et d’en voler les richesses. Le message se terminait par une attaque directe à l’égard de Melissa Chan, la correspondante en langue anglaise d’Al-Jazeera à Pékin, expulsée du territoire chinois le 8 mai 2012. Dans le message de Yang Rui on pouvait lire: “Nous nous sommes libérés de cette “salope” étrangère et nous avons fermé le bureau d’Al-Jazeera à Pékin. On devrait faire taire ceux qui diabolisent la Chine et les chasser du pays.” Dans un article paru le 23 mai, le Global Times, voix du parti, prend la défense de Yang Rui et minimise sa faute, réduite à un manque de sensibilité. Le message de Yang Rui est d’ailleurs cohérent avec la campagne de 100 jours, lancée par le Bureau de sécurité publique de Pékin, le 15 mai, pour “nettoyer” la ville des résidents étrangers illégaux. Les journalistes ne sont pas les seuls sanctionnés pour les propos qu’ils tiennent sur Weibo. Selon une information du 2 juin, relayée par le site d'information Tianshan, dans la ville d'Urumqi (région du Xinjiang), un net-citoyen ouighour a été arrêté pour avoir “répandu des rumeurs” sur le site de microblogging. Connu sous le nom de Pami'er Yasen 帕米尔·亚森, il avait posté des informations trouvées sur un autre site web à propos de la mort suspecte d’un enfant de douze ans, en centre de détention. Il est accusé par la police d’avoir diffusé des fausses informations, d'avoir incité à la discussion sur ce sujet, d'avoir perturbé l'ordre social, d'avoir mis en danger la société, violant ainsi l'article 47 du "Code pénal pour la sécurité publique en République populaire de Chine" 23ème anniversaire du massacre de Tian’anmen : la censure en ligne s’endurcit
Les autorités chinoises ont renforcé la censure sur Internet pour empêcher la commémoration du 23ème anniversaire de la répression sur la place Tian’anmen. Sur le site de microblogging Sina Weibo, les recherches en relation avec cet anniversaire ont été bloquées le lundi 4 juin. Les termes se rapportant au 4 juin et au nombre 23, le mot “bougie” et l’expression “n’oubliez jamais”, entre autres, sont venus allonger une liste déjà longue de mots “interdits” par la censure chinoise. Les utilisateurs du site ont pu lire un message les avertissant que le résultat de la recherche ne pouvait être affiché “en raison de lois, règlements et politiques en vigueur” rapporte le quotidien Chicago Tribune. Weibo a également bloqué la possibilité de changer les photos sur le profil des utilisateurs afin d’éviter la diffusion de photos commémorant l’anniversaire. Cependant, certaines images ont réussi à passer la barrière de la censure, comme des images interdites de soldats sur la place Tian’anmen juste après la répression de 1989 publiées sur Twitter et sur son blog par le blogueur Zola. Cette censure a provoqué un tollé sur la blogosphère où les internautes ont également parlé d’ “harmonisation” de leurs messages par les censeurs quelques minutes seulement après les avoir publiés. Parmi les messages effacés, on trouve une blague sur la censure en ligne, publiée le 4 juin sur Sina Weibo par un journaliste travaillant à Pingdu (région du Shandong), Chen Baocheng 陈宝成, et immédiatement retirée par les autorités. Afin de lutter contre l’oubli et commémorer l’anniversaire de Tian’anmen, Reporters sans frontières s’est associée aux différentes manifestations à travers le monde, en accueillant hier dans ses locaux une conférence de presse organisée par des organisations membres du Comité de soutien à Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix condamné, en 2009, à onze ans de prison en raison de son combat pour les droits de l’homme en Chine. Le dissident chinois Zhang Jian 张健 a participé à l’événement, apportant son témoignage personnel des manifestations de 1989 à Pékin et du mouvement de commémoration du 4 juin (六四), qui a vu l’organisation de rassemblements dans plusieurs villes du monde. La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, a perdu six places dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 établi par Reporters sans frontières et figure désormais à la 174ème place, sur 179 pays.
Publié le
Updated on
20.01.2016