Un célèbre chroniqueur interdit de publication par le gouvernement de Zanzibar

Reporters sans frontières proteste énergiquement contre l'interdiction d'écrire prononcée par le gouvernement de Zanzibar à l'encontre du journaliste Jabir Idrissa, dénonçant une « nouvelle combine » des autorités de l'île semi-autonome de Tanzanie à l'encontre de la presse. « Personne ne peut être dupe de cette nouvelle combine d'un gouvernement aux habitudes répressives comme celui de Zanzibar, a déclaré Reporters sans frontières. Le prétexte, opportunément trouvé pour interdire toute activité journalistique à un chroniqueur qui dérange, est aberrant. A l'évidence, les élections qui doivent se tenir sur l'île au mois d'octobre se dérouleront dans un climat d'intimidation et de censure. Pour que l'on puisse parler d'un scrutin juste, équitable et transparent, les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier librement, sans devoir rendre des comptes à un tribunal de la pensée. » Le ministère de l'Information du gouvernement de Zanzibar a publié, le 9 juin 2005, un communiqué adressé au chroniqueur politique de l'hebdomadaire privé Rai, Jabir Idrissa, indiquant qu'il exerçait la profession de journaliste « illégalement ». Par conséquent, expliquait le texte signé par le directeur de l'information, Ali Mwinyikai, il est interdit au journaliste « d'exercer un travail journalistique jusqu'à ce (qu'il) se conforme aux règles en vigueur ». Jabir Idrissa est détenteur d'une carte de presse délivrée par les autorités de Dar-es-Salam, capitale de la Tanzanie. Le gouvernement de Zanzibar affirme que les journalistes souhaitant travailler sur l'île doivent se faire accréditer auprès de lui. Jabir Idrissa s'est rendu populaire en écrivant depuis un an une chronique politique intitulée « Waraka Kutoka Unguja » (« Lettre de Zanzibar ») dans l'hebdomadaire en swahili Rai, publié dans la partie continentale de la Tanzanie, mais distribué à Zanzibar. Il y brocardait régulièrement les atteintes aux droits de l'homme et la mauvaise gestion de l'île par le gouvernement, à l'approche des élections du mois d'octobre 2005. Le gouvernement local a fréquemment attaqué la presse indépendante, accusée d'être une « menace pour l'unité nationale » à la moindre critique. Ainsi, en novembre 2003, il avait suspendu pour une durée indéterminée l'hebdomadaire indépendant Dira, après la « publication d'articles qui pourraient provoquer l'éclatement de la paix et de la solidarité à Zanzibar ».
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Updated on 20.01.2016