Un an après, les tracasseries continuent pour l'hebdomadaire Dira

La Haute Cour de l'île semi-autonome de Zanzibar a estimé que l'hebdomadaire indépendant Dira, suspendu par le gouvernement local depuis le 24 novembre 2003 pour avoir enfreint l'éthique journalistique, avait violé les règles d'enregistrement des publications. En rendant cet arrêt le 24 novembre 2004, la plus haute juridiction de ce territoire tanzanien a toutefois laissé la porte ouverte à un recours de Dira, en contredisant les motifs de sa suspension par le gouvernement et en permettant au dernier hebdomadaire privé de l'île de présenter une nouvelle demande de licence de parution. « Pour Dira, les tracasseries continuent, a déclaré Reporters sans frontières. Il a fallu un an à la justice pour contredire le gouvernement de Zanzibar et reconnaître que le journal n'avait pas enfreint les règles du journalisme. Pour sauver la face, on lui oppose maintenant une épreuve administrative. Nous appelons les autorités de Zanzibar à abandonner le combat contre la seule publication indépendante de l'île et à la laisser reparaître, après cette année de silence forcé. » La direction de Dira a fait savoir qu'elle allait formuler une nouvelle demande de licence. En cas de refus, elle entend porter son affaire devant une cour d'appel. ------------------------ 25.11.2003 L'hebdomadaire Dira interdit sur ordre du gouvernement de Zanzibar L'hebdomadaire indépendant Dira, basé sur l'île semi-autonome de Zanzibar, est interdit de paraître pour une durée indéterminée pour avoir enfreint l'éthique journalistique. Reporters sans frontières demande aux autorités de Zanzibar d'annuler cette décision et de cesser de harceler Dira, seul journal privé de l'île. "C'est la deuxième fois depuis la fin du mois d'octobre que Dira est sanctionné pour son ton critique envers les autorités de Zanzibar. C'est une véritable campagne d'intimidation que subit actuellement le journal. Il est considéré comme une menace parce que l'information qu'il diffuse n'est pas contrôlée", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous craignons que, sans mobilisation de l'opinion publique, le gouvernement de l'île parvienne à ses fins, à savoir obtenir la fermeture définitive de l'hebdomadaire, privant ainsi les habitants de Zanzibar d'une information différente des médias d'Etat", a-t-il ajouté. Le 24 novembre, le ministre attaché au bureau du chef du gouvernement, Salum Juma Othman, a annoncé dans un communiqué diffusé à Zanzibar, la suspension de la publication de l'hebdomadaire Dira, l'accusant d'enfreindre la déontologie journalistique. D'après le ministre, "ses éditeurs ne sont plus censés, avec effet immédiat, publier, distribuer, ou re-publier un quelconque numéro précédent du tabloïd, sur l'ensemble de la République unie de Tanzanie et jusqu'à nouvel ordre". Selon lui, "le gouvernement a été forcé de prendre cette mesure après avoir réalisé que le journal est une menace pour l'unité nationale en raison de la publication d'articles qui pourraient provoquer l'éclatement de la paix et de la solidarité à Zanzibar". Les responsables de l'hebdomadaire ont annoncé qu'ils contesteraient cette sanction devant la justice. Le journal avait été condamné, le 27 octobre, à payer une amende de 660 millions de shillings (646 000 US$) pour avoir diffusé des informations "fausses et nuisibles" pour les enfants de Amani Karume, président de l'île de Zanzibar.
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Updated on 20.01.2016