Trois journalistes sortent de prison après une semaine de détention illégale

Sebastião Canjera, directeur de publication du journal communautaire Mabarwe, João Mascarenhas, son rédacteur en chef, et Patreque Francisco, journaliste, ont été relâchés le 10 mai 2006 en fin de journée, après une semaine de détention illégale, a annoncé à Reporters sans frontières Alfredo Libombo, directeur exécutif de la branche mozambicaine de l'organisation indépendante Media Institute for Southern Africa (MISA). Selon la même source, ils n'ont pas été autorisés à utiliser de carnets de notes ou de stylos durant leur détention. Les trois journalistes doivent rencontrer le procureur de la province de Manica dans la journée du 11 mai pour établir les circonstances exactes ayant mené à leur arrestation. --------------- 10.05.2006 - Trois journalistes incarcérés abusivement depuis une semaine : Reporters sans frontières dénonce l'abus de pouvoir d'un procureur adjoint Reporters sans frontières est sidérée par l'abus de pouvoir flagrant perpétré par le procureur adjoint de la province mozambicaine de Manica (Centre-Est), avec la complicité de la police locale, après l'incarcération du directeur, du rédacteur en chef et d'un reporter du journal communautaire Mabarwe, le 3 mai 2006. "Les trois journalistes de Mabarwe, qui viennent de passer une semaine en prison, sont manifestement victimes d'un abus de pouvoir caractérisé. Nous demandons leur libération immédiate et inconditionnelle. De plus, une enquête administrative sur le mécanisme ayant conduit à cette situation absurde doit être menée et d'éventuelles sanctions doivent être prononcées", a déclaré Reporters sans frontières. Sebastião Canjera, directeur de publication de Mabarwe, João Mascarenhas, son rédacteur en chef, et Patreque Francisco, l'un des journalistes de la publication privée, ont été arrêtés par la police de la capitale provinciale, Chimoio, le 3 mai 2006, sur ordre du procureur adjoint, Jose Abede. Les trois journalistes ont été incarcérés suite à la plainte pour "diffamation" d'un homme d'affaires influent du district de Barue, Tiago Pangaia. Le journal avait relaté que celui-ci avait été récemment arrêté après avoir été accusé du vol de 70 têtes de bétail, puis relâché "faute de preuves" sur ordre du bureau du procureur adjoint. L'arrestation des trois journalistes de Mabarwe est intervenue le jour de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse. Les trois journalistes sont toujours détenus à Chimoio. Selon le directeur exécutif de la branche mozambicaine de l'organisation indépendante Media Institute of Southern Africa (MISA), Alfredo Libombo, les autorités lui ont promis que les trois journalistes seraient "libérés dans la journée" du 10 mai. Celui-ci a en outre indiqué que ni José Abede, ni le chef de la police n'étaient joignables. Il a déclaré avoir discuté le 9 mai de cette situation avec le supérieur hiérarchique du procureur adjoint, Tomas Zandamela. Ce dernier a convenu que, dans les affaires de diffamation, la détention préventive n'était pas prévue par la loi. Au Mozambique, même si des peines de prison sont prévues pour les délits de diffamation, elles ne sont jamais prononcées par la justice et les arrestations de journalistes sont rarissimes. La dernière incarcération recensée par Reporters sans frontières date du 30 juin 2003. Il s'agissait du rédacteur en chef du quotidien Imparcial, José Armando Chitula, arrêté à l'aéroport de Maputo par la police et détenu pendant 24 heures avant d'être relâché.
Publié le
Updated on 20.01.2016