Trois journalistes condamnés à payer une amende

Les journalistes Mansour Al-Jamari, Walid Nouihid et Aqil Mirza ont été condamnés le 11 octobre 2011 à payer une amende de 1000 dinars bahreïnis (1900 euros) pour avoir diffusé de “fausses nouvelles” entre les 25 et 29 mars 2011. Les trois journalistes ont plaidé que leur journal avait été victime d’une manipulation. ---------- 10 octobre 2011 - Le cauchemar judiciaire des professionnels de l’information Reporters sans frontières s’inquiète de la vague de procès qui touchent les professionnels de l’information, et ce malgré la levée de l’état d’urgence et l’ouverture du “dialogue national” annoncée par les autorités. Le 11 octobre 2011, trois journalistes d’Al-Wasat, seul journal d’opposition du pays, compaîtront devant le juge. Mansour Al-Jamari, rédacteur en chef, Walid Nouihid, directeur de publication, et Aqil Mirza, responsable des informations locales, sont accusés de “graves abus” et d’avoir diffusé des informations fausses nuisant à l’image du pays. Tous les trois avaient été contraints de démissionner en avril 2011 quand le journal avait été temporairement interdit. Si Mansour Al-Jamari admet que le contenu de quelques articles publiés était érroné, il souligne que les informations en cause furent envoyées depuis la même adresse IP, et suspecte une manipulation. Le journal Al-Wasat a été la cible d’une grave campagne de diffamation dans les médias gouvernementaux ces derniers mois. En accord avec l’ouverture du “dialogue national”, proposé par le roi Hamad II au début du mois de juillet 2011, Reporters sans frontières demande au tribunal de lever les charges qui pèsent contre les trois journalistes. La justice bahreïnie a confirmé en appel, le 27 septembre dernier, la condamnation de 14 activistes chiites, dont le blogueur Abdeljalil Al-Singace. Selon le Bahrain Center for Human Rights (BCHR), les militants ont entamé une grève de la faim pour protester contre l’arrestation de 40 militantes qui avaient manifesté le 23 septembre 2011 pour exiger leur libération. Une vingtaine d’entre elles, dont la journaliste du quotidien Al-Ahad, Noor Aqeel Al-Ghasra, sont accusées d’avoir participé à un rassemblement illégal, et d’avoir troublé l’ordre public en faisant usage de la violence et en incitant à la révolte contre le régime. Selon certains témoignages, Noor Aqeel Al-Ghasra aurait été torturée par la police pendant sa première nuit en détention. L’avocat de la journaliste dénonce les conditions de leur arrestation et le refus du tribunal d’entendre les déclarations des témoins à décharge. Le reporter de la chaîne Alam TV, Ali Almosawi, qui a couvert les protestations au Bahreïn depuis février, doit faire face à des poursuites depuis le 12 septembre dernier. Il est accusé de “trahison”. Les autorités ont censuré le site d’Alam TV et ont fortement restreint la diffusion de la chaîne. Toute activité sur la Toile continue d’être étroitement surveillée par le pouvoir. C’est le cas notamment du site du BJDM , bloqué suite à la mise en ligne, le 16 août 2011, d’une déclaration d’Ali Aswad, ancien député d’Al-Wefaq qui avait démissionné en février dernier de son siège à l’Assemblée nationale, avec tous les membres de son parti pour protester contre la politique de répression du gouvernement. Récemment, les autorités bahreïnies ont hacké le blog de Bassema Al-Qassab, journaliste pour le quotidien Al-Waqt. Accusée d’incitation à la violence et de rassemblement illégal, elle a été convoquée devant la cour criminelle le 14 novembre 2011, date à laquelle doit aussi comparaître le photographe Mojtaba Salmat, accusé d’avoir collaboré avec des chaînes étrangères et participé à des manifestations illégales. Bassema Al-Qassab avait déjà été interrogée le 19 mai dernier, pour un article publié sur BBC Arabic, le 17 février 2011, sur les violences des forces de l’ordre contre des manifestants, et plusieurs messages postés sur Twitter. Elle a été renvoyée de son poste au ministère de l’Education le 20 juin 2011. En août dernier, le tribunal a refusé à l’activiste en ligne Hasan Salman Abu Ali sa sortie de prison, pour mauvaise conduite. Détenu depuis le 14 mai 2009, après avoir publié sur un forum une liste de noms des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, ce qui est considéré comme une atteinte au secret d’Etat, il a été soumis à la torture et à de nombreuses humiliations par les forces de l’ordre. Son avocat dénonce les conditions de son arrestation et demande à la justice bahreïnie de le libérer au plus tôt. Craignant d’être arrêté, le photographe Sadiq Marzouq, ne s’est pas présenté à la convocation de la justice, le 16 septembre dernier. Le 16 mars 2011, il avait couvert les violences de l’armée contre une manifestion d’opposants. Le lendemain, les forces de l’ordre avaient perquisitionné son domicile et confisqué son équipement. De même, la journaliste Reem Khalifa a appris, le 5 octobre, par l’intermédiaire de ses avocats, qu’elle avait été convoquée la veille devant le juge, sans pour autant avoir reçu de notification officielle. Une nouvelle audience a été fixée au 18 octobre prochain. Reporters sans frontières demande aux autorités du Royaume de mettre un terme à ces techniques d’intimidation. L’organisation demande à la justice du pays de lever les charges qui pèsent sur l’ensemble des professionnels de l’information.
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Updated on 20.01.2016