Tentatives d'intimidation à répétition

Le 13 avril 2010, Olena Bilozerska a été, de nouveau, interrogée par l'inspecteur Konovod V.V. à propos d'une manifestation qu'elle est accusée d'avoir préparé. Elle risque d'être poursuivie pour complicité de vandalisme. Elle a été entendue en présence d'un pseudo-manifestant et a subi des tentatives d'intimidation. L'inspecteur a encouragé avec insistance le jeune homme à certifier qu'Olena Bilozerska n'était pas seulement un témoin mais qu'elle aurait participé à la préparation de la manifestation. La journaliste affirme n'avoir jamais rencontré son accusateur auparavant et dénonce une mise en scène. Olena a, par ailleurs, été frappée par le vocabulaire judiciaire émaillant les propos de cet homme, qu'il semblait réciter. Lors de la manifestation, des fumigènes, des œufs et de la peinture avaient été lancés contre un magasin de fourrure. Les manifestants n'ont pas été inquiétés malgré le fait que l'inspecteur connaissait tous leurs noms grâce aux informations du jeune homme. La blogueuse, en ligne de mire des autorités, subit cette mascarade qui a pour but de la réduire au silence. Les policiers ont, dernièrement, multiplié les tentatives d'intimidation. Par exemple, en lui empêchant l'accès à des soins médicaux durant l'interrogatoire, alors qu'elle avait un malaise cardiaque qui s'est avéré, heureusement, être sans gravité. Cet incident coïncide avec une série alarmante d'atteintes contre plusieurs journalistes en Ukraine lors desquelles certains ont été agressés, d'autres interpellés et d'autres encore empêchés de remplir leur mission tandis que deux télévisions ont dû cesser d'émettre. http://fr.rsf.org/ukraine-degradation-alarmante-de-la-14-04-2010,37019.html ----------------------------------------------------------------- 03.04.2010 Tentatives d’intimidation : des journalistes interrogés par la police, leurs domiciles perquisitionnés, des documents et du matériel saisis La journaliste en ligne et blogueuse Olena Bilozerska, (http://bilozerska.livejournal.com) et le photo journaliste Olexiy Furman, de l’agence de presse "Photolenta" (www.phl.ua), ont été convoqués au commissariat le 30 mars pour la blogueuse, au début du mois de mars pour le photo reporter. Ils ont été interrogés au sujet de manifestations de militants de mouvements d’opposition qu’ils avaient couverts en février dernier. Leurs appartements et ordinateurs ont été fouillés le 27 mars dernier par des policiers qui ont présenté un mandat judiciaire. Deux CDs contenant des photos ont été saisis chez Olena Bilozerska. Les policiers sont repartis du domicile d’Olexiy Furman avec deux tours d'ordinateurs, quatre appareils photos sans film, et une cinquantaine de CDs. Tout son matériel lui a ensuite été rendu. "Reporters sans frontières dénonce le traitement réservé aux deux journalistes, considérés ici en réalité comme des suspects, et non des témoins, alors qu’ils n’ont fait que leur travail en couvrant un événement lié à l’actualité. La saisie de documents journalistiques constitue une violation de la loi ukrainienne. Nous demandons à la police ukrainienne de respecter la loi et de mettre fin à ce genre de pratiques dangereuses pour la liberté de la presse. Les journalistes ne sont pas des auxiliaires de justice. Les autorités ne doivent pas les enrôler dans leur traque des manifestants. Nous exigeons que les DVD d’Olena Bilozerska lui soient rendus au plus vite. Les méthodes employées semblent également destinées à inciter les journalites à recourir à l’autocensure", a déclaré l’organisation. Selon les deux journalistes, la police cherchait en particulier des documents photos et vidéos en lien avec "Autonomous", le mouvement radical d'opposition. La police a récupéré des photos des manifestants ayant jeté des œufs, de la peinture et des fumigènes dans un magasin de fourrure, le 18 février à Kiev, afin de protester contre le massacre des animaux. L’un d’eux avait été arrêté. Olexiy Furman avait été retenu le même jour plus de trois heures en sa compagnie, ses photos visionnées par les policiers, et empêché de voir son avocat qui l’attendait pourtant dans la rue. Selon l'avocat d’Olena Bilozerska, Sydir Kyzin, qui a pu se rendre sur les lieux pendant la perquisition du domicile de sa cliente, la saisie du matériel journalistique est contraire à l'article 17 de la loi ukrainienne sur les médias, selon laquelle « Un journaliste ne peut être arrêté ou détenu pour ses activités professionnelles, ni son matériel confisqué ». Lors de son interrogation, le 30 mars 2010, la police aurait promis à la blogueuse de lui rendre ses DVD dans les prochains jours. Le matériel d’Olexiy Furman lui avait été rendu le jour même après que les policiers avaient copié ses photos. Olena Bilozerska a déclaré à Reporters sans frontières qu’elle fait très attention, lorsqu’elle couvre ce genre de manifestations, à ne pas photographier le visage des participants. Les photos ne comprometteraient donc personne. Olexyi a confirmé procéder de la même manière. Les deux journalistes ont exprimé leur gratitude pour le soutien apporté par leurs collègues journalistes.
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Updated on 20.01.2016