Suzanne Breen dispensée de révéler ses sources : “Une victoire pour la liberté de la presse”

Reporters sans frontières se félicite de la décision de la justice britannique du 18 juin 2009, annulant les poursuites engagées contre la journaliste Suzanne Breen (photo, The Guardian). Au nom de la protection du secret des sources, le juge Tom Burgess a décrété que la journaliste n’avait pas à livrer les informations qu’elle détenait au sujet de l’IRA veritable (The Real Irish Republican Army) aux forces de police d’Irlande du Nord qui les lui réclamaient. Le juge a estimé qu’en révélant ses sources, la journaliste aurait mis sa vie et celles de ses proches en danger. “C’est une victoire importante pour la liberté de la presse car la protection du secret des sources est une des pierres angulaires du journalisme d’investigation, nécessaire à toute démocratie”, a souligné Reporters sans frontières. L’organisation a estimé que “cette décision constitue une jurisprudence utile”. La protection du secret des sources est reconnue par la loi britannique de 2000 relative à la liberté de l’information et consacré par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. Au nom d’une législation antiterroriste, la police nord-irlandaise avait saisi la Haute Cour de Belfast, en mai dernier, afin d’obliger la journaliste du Sunday Tribune, Suzanne Breen, à lui livrer des informations concernant l’entretien qu’elle aurait eu avec des membres de l’IRA véritable au cours de son enquête sur l’attentat de la base militaire de Massereene. Cet attentat, survenu le 7 mars 2009, avait causé la mort de deux soldats britanniques. Si la Cour avait donné raison au service de police, la journaliste aurait encouru jusqu’à cinq ans de prison. “Je considère que le juge Burgess est allé plus loin que tout autre juge en réaffirmant le droit au secret des sources”, a déclaré Suzanne Breen, soulagée de l’arrêt des poursuites qui, selon elle, “n’étaient que perte de temps et d’argent du contribuable”. Selon le Syndicat national des journalistes (NUJ), il s’agit d’”un succès pour le journalisme et les libertés civiles”. De nombreux journalistes, toutes nationalités confondues, s’étaient mobilisés autour du NUJ pour soutenir Suzanne Breen. Une pétition lancée par le syndicat et demandant l’abandon des poursuites à son encontre avait réuni plus de 5 000 signatures, dont celle de Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016