Salvador: un journaliste radio de 23 ans victime du crime organisé

​Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’assassinat du journaliste salvadorien Nicolás García, lâchement abattu par les membres d’un gang le 10 mars dernier dans le département d’Ahuachapán. La violence qui sévit au Salvador, très préoccupante, rend le travail des acteurs de l’information particulièrement dangereux.

Nicolás Humberto García (23 ans), jeune animateur de la radio communautaire Expressa, voces al aire qui émet depuis la ville d’El Carrizal (département de Ahuachapán) a été assassiné dans la nuit du 10 mars 2016 par les membres du gang Mara Salvatrucha (MS). Le journaliste animait depuis quelques mois une émission pendant laquelle il prodiguait ses conseils à la population locale pour se protéger des violences, et donnait la parole à la Police nationale civile (PNC).


Ce programme n’a pas plu aux membres du gang MS: après de nombreuses menaces, ces derniers ont proposé à plusieurs reprises au journaliste de rejoindre leurs rangs et de les informer sur les mouvements de la police à El Carrizal, moyennant 100 dollars par mois. Nicolás García a refusé et l’a payé de sa vie. Son corps a été retrouvé criblé de balles, son cadavre mutilé et sa langue coupée.


“Nous sommes profondément choqués par cet acte barbare et demandons aux autorités salvadoriennes d’identifier et de juger les coupables de ce crime odieux, déclare Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amériques de RSF.Face aux violences perpétrées par le crime organisé, il est de la responsabilité du gouvernement du Salvador de garantir efficacement la protection des journalistes.”


RSF s’associe à la demande de l’APES (Association des journalistes du Salvador) et de l’ARPAS (Association des radios et des programmes participatifs du Salvador), pour la création et la mise en place rapide d’une loi de protection pour les journalistes au Salvador.


Le climat de violence généralisée dans lequel est plongé le pays a de lourdes répercussions sur les acteurs de l’information. Depuis l’arrivée de Sánchez Cerén à la présidence de la République en juin 2014, la situation de la liberté d’information s’est dégradée dans le pays Les autorités, globalement hostiles aux médias, n’assurent ni la protection ni la promotion du travail des journalistes.


Le Salvador est classé 45ème sur 180 pays au Classement mondial sur la liberté de la presse établi par RSF en 2015.

Publié le
Mise à jour le 11.04.2016