Russie : un journaliste ingouche condamné à trois ans de prison

Rachid Maïsigov a été condamné à trois ans de prison ferme pour possession de drogue. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une affaire montée de toutes pièces et demande à la justice russe de reconnaître son innocence.

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Victime de poursuites depuis plus d’un an, l’ancien journaliste du média en ligne Fortanga Rachid Maïsigov a été reconnu coupable de possession de drogue le 16 septembre 2020 et condamné à trois ans de prison, en vertu de l’article 228 du Code pénal russe. Son avocat considère irrecevables les preuves présentées par l’accusation et a annoncé son intention de faire appel, voire de se tourner vers la Cour européenne des droits de l'homme si besoin. 


Une enquête pénale contre le journaliste avait été ouverte en juillet 2019 après la découverte lors de la perquisition de son domicile d’un sac contenant une poudre blanche. Après près de quatre mois de détention préventive, durant lesquels le journaliste a déclaré avoir été torturé, un tribunal de Magas, capitale de la république russe d’Ingouchie, a décidé de placer le journaliste en résidence surveillée. 


Rachid Maïsigov a été arrêté immédiatement après l'annonce de la décision du tribunal. Malgré la déduction des périodes de détention et d’assignation à résidence, il doit purger encore deux ans et trois mois de prison. 


Cette sentence est infondée, affirme la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale, Jeanne Cavelier. Fabriquée de toutes pièces, l’affaire dont fait l’objet le journaliste témoigne d’une volonté d’étouffer les voix critiques du Caucase du nord. L'héroïne a été fortuitement découverte dans un pantalon que le journaliste s’est vu intimer d’enfiler. Les autorités chargées de l’enquête n’ont pas été en mesure de prouver que la drogue lui appartenait, ses cheveux n’ayant révélé aucune trace de stupéfiant. RSF dénonce un coup monté à la Golounov et demande la révision de cette condamnation.


Rachid Maïsigov avait quitté la rédaction de Fortanga en juin 2019, après avoir reçu des menaces anonymes visant son activité journalistique. Le lendemain de son arrestation, le média, qui avait largement couvert les mouvements de protestation en Ingouchie à l'automne et au printemps 2019, avait été bloqué par le Roskomnadzor, l’autorité fédérale de surveillance des communications et des médias.


Également poursuivi pour avoir appelé publiquement à violer l'intégrité territoriale de la Russie suite à la découverte chez lui de tracts en faveur du séparatisme ingouche, dont il nie être le propriétaire, le journaliste doit être jugé pour cette seconde affaire le 30 septembre prochain.


La Russie occupe la 149e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020, publié par RSF.

Publié le
Mise à jour le 18.09.2020