RSF soutient la plainte déposée aux Etats-Unis contre le régime el-Assad pour l’assassinat de la journaliste Marie Colvin

Reporters sans frontières (RSF) soutient la plainte déposée à Washington par le Center for Justice and Accountability (CJA) contre le gouvernement syrien de Bachar el-Assad. Le dossier du CJA apporte des éléments sur la responsabilité directe de responsables syriens dans l’assassinat de la journaliste Marie Colvin, le 22 février 2012 à Homs.

Marie Colvin, journaliste américaine travaillant pour le Sunday Times de Londres, a été tuée dans un bombardement de l’armée syrienne le 22 février 2012 à Homs, au côté du photographe français Rémi Ochlik. La journaliste française Edith Bouvier, le défenseur des médias syrien Wael al-Omar et le photographe britannique Paul Conroy avaient été blessés dans le même bombardement.

“Cette procédure légale démontre que des actions sont possibles pour mettre fin à l’impunité des responsables de crimes contre les journalistes, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. RSF s'honore d'avoir présenté la famille Colvin au CJA et d'avoir soutenu continuellement le CJA dans son investigation pendant toutes ces années à travers ses différents bureaux et correspondants aux Etats-Unis, en Europe et au Moyen-Orient. RSF espère que ces efforts aideront à faire éclater la vérité, à savoir que ces journalistes ont été délibérément ciblés et tués parce qu’ils diffusaient des informations sur les crimes de l’armée syrienne contre les populations civiles.”

RSF est aussi partie civile depuis 2013 dans l’information judiciaire ouverte en France pour “homicide involontaire” sur Rémi Ochlik et “tentative d’homicide” sur Edith Bouvier. Malgré les efforts de la juge d’instruction du pôle "Crimes de guerre et crimes contre l’humanité", l’instruction n’a guère avancé. RSF, qui collabore avec le CJA depuis le début de cette affaire, va verser dès lundi 11 juillet au dossier de l’instruction parisienne les éléments apportés par la plainte américaine. “Je me réjouis de cette avancée dans l’établissement de la vérité, et j’espère qu’elle fera progresser l’instruction”, déclare Guillaume Prigent, avocat de RSF.

RSF rappelle que depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, des centaines de journalistes syriens et étrangers risquent leur vie tous les jours pour rendre compte des horreurs de la guerre civile, ce qui fait de ce pays le plus dangereux au monde pour la presse. Selon le bilan de RSF, environ 200 journalistes et journalistes-citoyens ont déjà été tués, au moins 29 sont emprisonnés, et 29 (dont 7 étrangers) sont otages ou ont disparu.


La Syrie occupe la 177e place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2016 par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 10.07.2016