RSF s’inquiète de l’insécurité croissante pour les journalistes libyens

Lire en arabe (بالعربية) Reporters sans frontières exprime sa vive préoccupation face aux menaces continues et aux attaques répétées auxquelles sont confrontés les journalistes libyens dans l’exercice de leurs fonctions. En mars dernier, Mansour Ati, rédacteur en chef du journal indépendant Akhbar Ajdabia d’Ajdabia (est de la Libye), s’est vu contraint de s’excuser auprès du ministère des Affaires religieuses suite à la publication d’un poème de Mohammed Al-Shaltami considéré comme “apostasie”. Après de nombreuses menaces provenant de groupes armés a priori liés à la milice Ansar Al-Sharia, il été contraint de démissionner de ses fonctions. Quelques jours plus tard, les locaux du journal ont été attaqués et considérablement saccagés, apparemment par les membres de cette même milice. Les employés de la chaîne gouvernementale Libya Al-Wataniya sont en grève depuis le début du mois d’avril pour une durée indéterminée après l’agression d’un employé par un membre de la milice en charge de protéger les locaux de la chaîne. Le personnel de Libya Al-Wataniya exige que leurs locaux soient protégés par la police, voire l’armée, et non par des milices affiliées au gouvernement. Récemment, le directeur exécutif de la chaîne Al-Assima, Abdelfath Ibrahim Al-Darbi, a reçu des menaces provenant, selon lui, des responsables de l’attaque des locaux de la chaîne le mois dernier. Les auteurs de ces intimidations ont menacé de le traquer jusqu’au Koweït et en Jordanie, pays où il réside également. Amara Hassan Al-Khitabi, rédacteur en chef du journal indépendant Al-Umma, âgé de 67 ans, est incarcéré depuis le 19 décembre 2012. Il est poursuivi devant la cour pénale de Tripoli après avoir publié une liste de juges et de procureurs qualifiés de corrompus. Le journaliste a récemment été transféré dans un hôpital central de la capital libyenne. Il demeure en détention et sous haute surveillance, malgré les demandes de son avocat de juger M. Al-Khitabi en vertu du code de la presse. Le ministre de la Justice libyen, Salah Al-Margani, est également intervenu pour demander la libération du journaliste, notamment compte tenu de la dégradation inquiétante de son état de santé aggravé par une grève de la faim. En vain. Le journaliste n’a toujours pas pu s’entretenir avec son avocat. Il n’a toujours pas pu recevoir de visite de ses proches et sa femme a quant à elle déclaré le 7 avril qu’elle entamait également une grève de la faim pour protester contre l’incarcération de son mari. La prochaine audience a été fixée au 15 avril prochain. Reporters sans frontières rappelle que les journalistes jouent un rôle fondamental au sein de toute société démocratique et demande aux autorités libyennes de déployer toutes les mesures nécessaires afin de permettre aux journalistes d’exercer leur métier en toute sécurité. Bien que consciente des nombreux défis auxquels doit faire face le gouvernement transitionnel libyen, notamment en terme de sécurité et de formation de forces armées gouvernementales, l’organisation demande à ce que le nouvel Etat libyen fasse tout ce qui est en son pouvoir pour que les menaces et attaques à l’encontre des journalistes soient endiguées et qu’elles cessent. Reporters sans frontières rappelle que l’article 14 de la Déclaration constitutionnelle provisoire engage le nouvel Etat libyen à s’assurer, entre autres, du respect des libertés d’opinion, d’expression, de la presse et des médias. La Libye est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantissant la liberté d’information et d’expression. Le gouvernement transitionnel libyen doit donc se soumettre à ses obligations nationales et internationales en termes de protection de ces droits fondamentaux nécessaires à l’établissement d’une société démocratique transparente, pluraliste et viable sur le long terme. -
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Updated on 20.01.2016

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