RSF s’inquiète de la détention d’un journaliste inculpé pour terrorisme

RSF s’inquiète des accusations de soutien au terrorisme à l’encontre de Mahmoud Al Jaziri, journaliste pour le quotidien Al Wasat. Ce dernier est en détention provisoire depuis son arrestation le 28 décembre.

Mahmoud Al Jaziri, correspondant du journal bahreini Al Wasat sur les affaires parlementaires, est officiellement accusé de soutenir des activités terroristes financées par le Hezbollah et les Gardiens de la Révolutions iraniens. Le journaliste, qui a été arrêté le 28 décembre dans la matinée à son domicile et vu son matériel électronique confisqué, fait partie d’une liste de 12 suspects inculpés dans la même affaire.


Dans son dernier article publié la veille de son arrestation, le journaliste faisait état d’une proposition de loi polémique faite au Conseil de la Shura, la chambre haute du Bahrein, et qui prévoit la confiscation des logements de l’Etat aux membres d’une famille dont le chef serait déchu de sa nationalité.


Reporters sans frontières s’inquiète des accusations portées contre le journaliste et appelle les autorités bahrainies à le libérer immédiatement et sans conditions. “Un journaliste ne peut pas être traité comme un terroriste pour de simples écrits critiques à l’égard du gouvernement bahraini, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. Les arguments sécuritaires ne sauraient justifier des atteintes à la liberté d’information. RSF appelle à la libération de tous les journalistes injustement emprisonnés”.


Le reporter est en outre accusé à la télévision publique, pêle mêle, de soutenir le mouvement non autorisé Al Wafa et la coalition du 14 février - organisatrice de manifestations pacifiques depuis 2011 -, de vouloir renverser le régime, d’inciter à la haine et d’avoir des contacts avec un pays étranger. Une source du quotidien Al Wasat, contactée par RSF, assure que le journaliste n’exerce aucun militantisme politique depuis son arrivée au journal en 2012.


Wafaa Marhoon, avocate de Mahmoud Al Jaziri, a affirmé au quotidien Al Wasat qu’aucune preuve n’avait encore été présentée contre le journaliste, quatre jours après son arrestation. Contactée par RSF, cette dernière souligne l’importance du contexte politique dans cette affaire et le caractère vague de la législation bahrainie en matière de terrorisme, un flou qui rend difficile la défense de l’accusé. S’il est déclaré coupable, l’accusé risque la condamnation à la prison à vie ainsi que la déchéance de sa nationalité.


Ce n’est pas la première fois que ce journal indépendant a des ennuis avec les autorités. Habitué des fermetures abusives, le quotidien avait déjà été suspendu pendant quelques jours en aout dernier, pour avoir nuit «à l'unité nationale » et « aux relations de Bahreïn avec d'autres pays ». En 2011, le fondateur du journal, Karim Fakhrawi, est mort en garde à vue dans des circonstances obscures.


Au moins 13 journalistes, professionnels et journalistes-citoyens, sont actuellement emprisonnés au Bahrein. Le pays figure à la 163e place (sur 180) du Classement 2015 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 08.03.2016