RSF salue la position du Tribunal suprême fédéral contre la censure

La distribution du dernier numéro de l’hebdomadaire IstoÉ a été interdite suite à une plainte déposée par le gouverneur de l´État du Ceará, le 12 septembre 2014. Cinq jours après, cassant cette mesure de censure, le Tribunal suprême fédéral (STF) a annulé la décision et la distribution de l’édition a pu reprendre. IstoÉ, important hebdomadaire national, a décidé d’enquêter sur l’implication du gouverneur de l’État du Ceará (Nordeste), Cid Gomes, dans une affaire de corruption chez Petrobras, la plus grande entreprise nationale. Le nom de Cid Gomes étant cité au procès, des journalistes l’ont contacté pour avoir sa version des faits. Le 12 septembre 2014, veille de la publication, le gouverneur a porté plainte contre la maison d’édition responsable de la publication d’IstoÉ, l’accusant de “diffamation” et “calomnie”. Le jour même, la juge Maria Marleide Queiroz a émis une décision contre la revue empêchant sa commercialisation sous peine d’une amende de 2,5 millions de dollars par jour. Ce jugement a été annulé le 17 septembre par le ministre du Tribunal suprême fédéral (STF), Luís Roberto Barroso, qui a qualifié d’anticonstitutionnelle cette décision qui entraînait une censure a priori d’une publication journalistique. Le ministre a également affirmé que, si le gouverneur se sentait lésé par le reportage, il pouvait prendre des mesures a posteriori afin de demander une réparation de ses droits. IstoÉ a pu être à nouveau distribué. “Reporters sans frontières salue la décision du STF, qui se positionne fermement contre la censure, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Nous exhortons les autorités à ne pas permettre que les lois contre la diffamation et la calomnie deviennent un outil de censure a priori dans la poursuite d’intérêts politiques divers. Le harcèlement judiciaire des médias et journalistes se montre encore plus présent en périodes d’élections”. Cid Gomes, élu gouverneur du Ceará, a déclaré à que les tentatives de l’inculper dans la supposée affaire de corruption de Petrobras faisaient partie de la stratégie de ses adversaires politiques pour bouleverser l’issue des élections dans l’État. L’Association brésilienne de journalisme d’investigation (Abraji) a lancé un site recensant et suivant les procès à l’encontre de médias, organisations ou autres plateformes d’information en ligne par des candidats aux élections générales. L’association a recensé pas moins de 128 procès de ce type dans tout le pays, dont plus des trois quart visent l’entreprise Google. Le Brésil figure à la 111ème place (sur 180) dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour 2014.
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Updated on 20.01.2016