RSF exige la libération des journalistes détenus dans l’est du pays

Mise à jour : Le journaliste américain Simon Ostrovsky a été remis en liberté dans la soirée du 24 avril 2014. --------------- Reporters sans frontières exprime sa très vive inquiétude quant au sort de trois acteurs de l’information détenus ou portés disparus dans l’est de l’Ukraine. En proie à une insurrection hostile au gouvernement de Kiev, une partie de la région est en train de devenir une zone de non-droit. Si Sloviansk est la seule ville à être contrôlée par la « République populaire de Donetsk » pro-russe, son administration autoproclamée occupe des bâtiments officiels dans plusieurs autres localités. Le journaliste ukrainien Evguen Gapytch a été aperçu pour la dernière fois dans la soirée du 22 avril 2014 à Artemivsk, tandis que le journaliste américain Simon Ostrovsky et le net-citoyen ukrainien Artem Deïnega sont toujours retenus à Sloviansk. Ils ont été arrêtés le 22 et le 13 avril respectivement. « Nous exigeons des forces qui contrôlent Sloviansk qu’elles fournissent immédiatement des preuves de vie de ces journalistes et qu’elles mettent un terme à leur détention arbitraire dans les plus brefs délais. Ceux qui retiennent Evguen Gapytch doivent le faire savoir sans tarder », déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. « Avec ces nouveaux enlèvements, les attaques contre les journalistes dans la région de Sloviansk franchissent un seuil inacceptable. Non seulement leur sécurité est en jeu, mais le signal d’intimidation envoyé à l’ensemble des acteurs de l’information est inadmissible. Il est urgent que les dirigeants de la “République populaire de Donetsk” mettent un terme à cette escalade. Nous réitérons notre appel à toutes les parties pour qu’elles cessent de prendre les journalistes en otage dans leur conflit, respectent leur neutralité et garantissent leur protection. » Le photo-reporter Evguen Gapytch a parlé au téléphone avec ses proches pour la dernière fois le 22 avril depuis Horlivka, où il était envoyé par le journal Reporter d’Ivano-Frankisk (Ouest). Il avait des lettres de mission de plusieurs autres rédactions, attestant de l’objectif journalistique de sa présence. Après avoir été aperçu dans la soirée dans la localité d’Artemivsk, à mi-chemin entre Horlivka et Sloviansk, il a cessé de répondre aux appels, tout comme son frère qui l’accompagnait. Le SBU (services de sécurité ukrainiens) aurait depuis lors signalé à son épouse que le journaliste était retenu par les milices pro-russes à Sloviansk. Reporters sans frontières n’a pas encore pu confirmer cette information. Un peu plus tôt dans la journée du 22 avril, le journaliste américain Simon Ostrovsky avait été arrêté à Sloviansk. Si les représentants des autorités locales autoproclamées assurent qu’il est bien traité, ils sont plus confus quant aux motifs de sa détention : leur porte-parole, Stella Khorocheva, a affirmé que le correspondant de VICE News était soupçonné d’être un « espion » du groupe ultranationaliste ukrainien « Secteur droit ». Le maire autoproclamé de Sloviansk, Viatcheslav Ponomarev, a quant à lui accusé le journaliste de « commentaires provocateurs » et d’« activités nocives », tout en déclarant ouvertement qu’il pouvait servir de monnaie d’échange. Il s’est également dit troublé par sa double nationalité américaine et israélienne. VICE News et le département d’Etat américain se disent mobilisés pour obtenir sa libération dans les plus brefs délais. Reporters sans frontières a récemment appris qu’Artem Deïnega, expert en technologies de l’information de Sloviansk, avait été kidnappé par les milices pro-russes le 13 avril. Il avait installé une caméra sur son balcon et avait notamment diffusé sur sa chaîne YouTube des images de la prise d'assaut du siège du SBU. Les autorités locales autoproclamées ont déclaré le 21 avril que le net-citoyen était en bonne santé et qu’elles le relâcheraient bientôt, sans plus de précision. Aucune preuve de son état n’a cependant été produite. Sergueï Lefter, membre d’une mission d’observation de l’ONG Open Dialogue Foundation et journaliste de profession, a également été kidnappé à Sloviansk le 16 avril. On est sans nouvelles de lui depuis lors. Le 22 avril, Viatcheslav Ponomarev expliquait que ces hommes seraient relâchés s’il s’avérait qu’ils n’étaient pas des espions. Le lendemain, il déclarait cependant dans une interview au site d’information russe Gazeta.ru que ces « prises d’otages » étaient une réponse à la détention de « camarades » par le gouvernement de Kiev. La situation des journalistes à Sloviansk s’est encore détériorée depuis un échange de tirs aux portes de la ville, dans la soirée du 20 avril. Le lendemain, deux journalistes italiens, Paul Gogo et Cossimo Attanacio, ont été arrêtés en compagnie de leur collègue bélarusse Dmitri Galko, puis relâchés au bout de quelques heures une fois leur matériel, leurs documents et leur argent confisqués. (Photo : AFP)
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Updated on 20.01.2016