RSF et ses partenaires lancent la consultation publique sur la Journalism Trust Initiative
Reporters sans frontières (RSF) et ses partenaires sont heureux d’annoncer le lancement d’une consultation publique sur la « Journalism Trust Initiative » (JTI) ce 3 juillet. L’initiative vise à définir des indicateurs pour un journalisme digne de confiance. Le respect de ces indicateurs devrait donner des bénéfices tangibles à tous les organes de presse et leur fournir ainsi le soutien nécessaire pour garantir un espace d’information global sain et crédible.
- Un dispositif innovant qui respecte les normes professionnelles
- Des indicateurs de confiance pour une information crédible
- Un outil de référence pour un code de bonne conduite transparent
- Une avancée tangible, basée sur l’autorégulation et la confiance élaborée par 120 experts
- Une consultation publique de trois mois permettant d’enrichir et d’étoffer les normes à mettre en place
Plus de 120 experts représentant des organes de presse internationaux, nationaux et locaux, des associations de consommateurs, des entreprises de technologie, des organismes de réglementation et des ONG collaborent afin d’établir des normes professionnelles dans le cadre de la Journalism Trust Initiative (JTI), en partenariat avec l’Union européenne de Radio-télévision (UER), l’Agence France-Presse (AFP) et le Global Editors Network (GEN).
En juin 2019, au cours d’un atelier de travail JTI au siège de l’UER à Genève, les participants ont adopté un document officiel de normalisation définissant les indicateurs d’un journalisme de confiance. Ce document sera rendu public le 3 juillet, alors qu’une consultation publique sera lancée sous l’égide du Comité européen de normalisation (CEN).
Selon les directives du CEN, les normes de la JTI ont été établies par consensus au cours de trois ateliers de travail facilités par l’AFNOR, organisme national de normalisation en France, avec l’aide de son homologue allemand, l’organisation DIN. Afin de garantir le principe d’autorégulation régissant la JTI, les comités de rédaction chargés de l’élaboration du texte sont uniquement composés de journalistes et de professionnels des médias.
A ces comités s’est ajoutée une « équipe technique spéciale » de conseil pour l’interopérabilité algorithmique de la JTI. D’autres groupes de participants comme des organismes de développement des médias, des organismes de régulation et des entreprises de technologie ont apporté leur contribution en transmettant leurs demandes et attentes sur la manière dont cet outil pourrait être appliqué à l’avenir. Soutien du projet, le World Federation of Advertisers (WFA) a suivi de près son évolution.
Téléchargeable sur le site du CEN, une première version des « Accords des ateliers du CEN » comprend une liste de critères en matière de transparence, de professionnalisme et d’éthique, considérés par les acteurs de la JTI comme étant les pratiques essentielles et d’excellence assurant la fiabilité des organes de presse. Le document fournit également un questionnaire convertissant les clauses de normalisation en une liste de contrôle, lisible par ordinateur, afin d’apporter des éléments sur la distribution algorithmique des informations.
La consultation publique de cette ébauche permet d’assurer une importante collaboration au document qui sera finalement publié, et constitue le volet critique de toute procédure de mise en œuvre d’une normalisation. D’ici octobre 2019, le grand public et les communautés professionnelles sont invités à exprimer leur opinion et à soumettre leurs propositions spécifiques pour des amendements à chacune des 16 clauses, aux nombreux paragraphes et à la liste de contrôle afférente.
Un formulaire de commentaire est d’ores et déjà disponible sur le site du CEN, ainsi qu’une adresse mail dédiée, [email protected], auxquels viendra bientôt s’ajouter un outil interactif en ligne. Selon les directives du CEN, tous les commentaires seront évalués par les comités de rédaction de la JTI avant d’être implémentés à la révision finale de l’Accord d’atelier de travail et à sa publication, prévue à la fin de 2019.
Après sa publication définitive début 2020, le document de normalisation de la JTI sera accessible pour tous types d’organes de presse pour une autoévaluation et, si nécessaire, pour un audit supplémentaire appelé « évaluation de conformité ». L’ensemble des données qui en résultera est destiné à apporter les éléments nécessaires à la prise de décision en matière de distribution et de consommation de l’information, à la fois humaine et algorithmique, mais aussi en matière de dépenses publicitaires et, ainsi, récompenser un journalisme digne de ce nom – une logique qui, jusqu’à présent, ne bénéficiait d’aucun outil pour être facilitée.
La JTI a été lancée pour fournir un outil sous une forme totalement ouverte et autorégulatrice. La consultation publique vise à élargir le faisceau de participation au JTI et, à terme, à établir sa légitimité.
Se distinguant des autres projets d’indicateurs de confiance, la JTI se concentre essentiellement sur le processus – ou le niveau de « fabrication » du journalisme – et non sur des contenus à caractère unique. L’objectif est que les organes de presse se conforment à la normalisation en tant qu’entité, par exemple en fournissant une transparence en matière de propriété et de sources de revenus, ainsi que la preuve d’une série de garde-fous professionnels. Pour la première fois, le respect des valeurs du journalisme est récompensé.
Parmi les participants à la phase de développement de la JTI, citons, en ordre aléatoire : la BBC, le groupe RTL (Luxembourg), la Gazeta Wyborcza (Pologne), le Tagesspiegel (Allemagne), le groupe Tamedia (Suisse), la Norsk Rikskringkasting (NRK, Norvège), la TT News Agency (Suède), l’Associated Press (Etats-Unis), la Deutsche Presse Agentur (dpa, Allemagne), le World Wide Web Consortium (W3C), Google, Facebook, la City University of New York (CUNY, Etats-Unis), Ethical Journalism Network (EJN), le Conseil de presse suisse, La Société des Journalistes Professionnels (SPJ, USA)l’Association des journalistes taïwanais, l’Association des journalistes de Corée du Sud, The Independent Monitor for the Press (IMPRESS, Royaume-Uni), l’Autorità per le Garanzie nelle Comunicazioni (AGCOM, Italie), le Commissaire pour la culture et les médias du gouvernement (BKM, Allemagne), l’European Association for the Co-ordination of Consumer Representation in Standardisation (ANEC), Internews (Royaume-Uni), la Thomson Foundation (Royaume-Uni), Free Press Unlimited (FPU, Pays-Bas), la Fondation Hirondelle (Suisse), Civil (Etats-Unis), le NewsGuard, le Global Disinformation Index (GDI), l’United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO).
Citations et témoignages :
“Ce n’est pas sorcier de définir les principes journalistiques fondamentaux. Depuis que le journalisme existe, il existe de nombreux codes éthiques. Le problème majeur, c’est la distribution algorithmique du contenu en ligne, parce qu’elle n’inclut pas de ‘facteur d'intégrité’ et elle amplifie tout ce qui s’oppose à ces normes professionnelles – le sensationnalisme, les rumeurs, les mensonges et la haine. Par conséquent, les bonnes pratiques de la profession du journalisme existantes doivent être traduites selon les codes d’Internet. C’est une condition pour revenir à sa logique de base, en récompensant le respect de ces normes et éventuellement en les re-monétisant. JTI est la pièce manquante entre les principes journalistiques et les méthodes d’un côté, et les algorithmes de l’autre.”Christophe Deloire – Secrétaire Général, Reporters Sans Frontières (RSF)
“Il y a une très forte demande pour définir des indicateurs concernant la transparence et la fiabilité des sources d’information, en particulier pour les plateformes, les annonceurs et les régulateurs, mais il est essentiel que ce processus demeure dans un cadre d’autorégulation par les médias eux-mêmes. Il serait inconcevable que des gouvernements, des annonceurs ou des régulateurs nous définissent le bon ou le mauvais journalisme. C’est à la communauté journalistique elle-même de définir ces critères et à aucun autre acteur !”Bertrand Pecquerie – Directeur Général du Réseau Mondial des Rédacteurs en Chef ou Global Editors Network (GEN)
"Il est essentiel de répondre correctement à la méfiance du public à l’égard des médias en offrant aux citoyens des repères et des tags visibles sur le Web, afin de distinguer facilement un contenu fiable. Pour nous, en tant qu’agence de presse, il est essentiel que la solution soit opérationnelle au quotidien et il est extrêmement important, pour tous ceux qui travaillent sur le JTI, de proposer une solution qui serve avant tout les intérêts des citoyens. Toute norme est soumise à une révision constante, en particulier dans les industries en rapide évolution, et nous nous attendons à ce que celle-ci ne fasse pas exception, mais nous devons commencer quelque part et nous devons le faire maintenant. ”Phil Chetwynd – Directeur de l'Information, Agence France Presse (AFP)
“Après plusieurs mois de travail, c’est l’occasion pour l’UER de faire part des réactions des parties intéressées sur les normes développées par notre coalition des partenaires d’industrie et des membres de l’UER. Nous sommes tous déterminés à créer une environnement dans lequel les médias qui s’engagent à produire le journalisme de qualité sont reconnus et mis en valeur. Protéger ce journalisme, qui découle des solides valeurs du service public – la justesse, l'indépendance, l'impartialité, l'équité, la transparence et la responsabilité – est au coeur de ce projet. C’est le moment de voir comment ces normes peuvent fonctionner au niveau pratique, pour que ce projet puisse avoir un vrai impact, en aidant l’industrie et le public de la même manière à identifier le journalisme de qualité parmi la désinformation.” Noel Curran – Directeur Général, Union Européenne de radio-télévision (UER)
A propos :
Reporters sans frontières oeuvre pour la liberté, l'indépendance, et le pluralisme du journalisme partout sur la planète. Dotée d'un statut consultatif auprès de l’Organisation des Nations unies, de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l'organisation basée à Paris dispose de 14 bureaux dans le monde (Berlin, Bruxelles, Dakar, Genève, Helsinki, Londres, Madrid, Rio de Janeiro, Stockholm, San Francisco, Taipei, Tunis, Vienne et Washington, D.C.) et de 150 correspondants dans 130 pays, sur les 5 continents. Plus d’informations sur RSF et nos activités sur www.rsf.org
Le Global Editors Network (GEN) est le réseau mondial des rédacteurs en chef depuis 2011. « Prototyping the Future of News » est notre devise (en anglais) et notre mission est de favoriser l’innovation et les nouvelles méthodes d’écriture journalistique dans les salles de rédaction et, au-delà, pour l’ensemble des fournisseurs de contenu. GEN s’engage à défendre le journalisme de qualité, les normes éthiques et les modèles économiques viables à venir. GEN veut renforcer le pouvoir des rédacteurs en chef au moyen de ses programmes : le Editors Lab, les Data Journalism Awards and le projet Media Literacy Toolkit. La conférence annuelle de l’association s’appelle le GEN Summit, elle rassemble 650+ rédacteurs en chef et directeurs de rédaction de plus de 60 pays, ce qui en fait la conférence éditoriale la plus importante au monde. La communauté GEN regroupe 15 000 rédacteurs en chef, journalistes et innovateurs média dans le monde. Rendez-vous sur Twitter @GENinnovate (en anglais).
L’Union Européenne de radio-télévision (UER) est la plus grande alliance au monde de médias de service public. Notre mission est de rendre les médias de service public indispensables. Nous représentons 117 médias dans 56 pays en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, et avons également 34 médias associés en Asie, en Afrique, en Australasie et en Amériques. Nos membres opèrent près de 2 000 chaînes de radio et de télévision, ainsi que de nombreuses plateformes numériques. Ensemble, ils atteignent des audiences de plus d’un milliard de personnes dans le monde, grâce à des diffusions dans plus de 160 langues. Nous nous efforçons de créer un avenir sûr et durable pour les médias de service public, de fournir à nos membres des contenus de classe mondiale, des dernières dépêches du sport à la musique et de construire sur la base de nos valeurs fondatrice - la solidarité et la coopération - pour créer une structure dédiée au partage et à l’apprentissage.
Notre filiale, Eurovision Services, ambitionne d’être le premier fournisseur de services dans les médias, en offrant de nouvelles manières différentes et plus efficaces d’accéder et de fournir du contenu et des services de façon simple et transparente.
Nous avons des bureaux à Bruxelles, Rome, Dubai, Moscou, New-York, Washington DC, Singapour et Pékin. Notre siège est situé à Genève. Découvrez-en d’avantage à propos de l’UER sur www.ebu.ch.
L'Agence France-Presse (AFP), créée en 1835 sous le nom d'Agence Havas, est la troisième plus grande agence de presse internationale au monde. Elle fournit une couverture rapide, vérifiée et complète des événements qui font l’actualité internationale, des guerres et conflits à la politique, à l’économie, au sport, au spectacle jusqu’aux grands développements en matière de santé, de sciences ou de technologie. L'AFP est une entité autonome créée par le parlement français (loi n°57-32 du 10 janvier 1957) dont le fonctionnement est assuré selon les règles du commerce. Son indépendance est au cœur de ses obligations fondamentales énoncées dans ses règlements (article 2). Son président représente l'Agence et en assure la direction générale. L’AFP est administrée par un conseil d'administration composé de dix-huit personnes : des représentants d’entreprises françaises de publication de journaux, des représentants de sociétés nationales de programmes, des représentants de services publics usagers de l’Agence, des représentants du personnel de l’AFP et des personnalités nommées par le conseil supérieur de l’Agence en raison de leur connaissance des médias et des technologies numériques, ainsi que de leurs compétences en économie et en gestion. L’AFP a le devoir de remplir des missions d’intérêt général dans le domaine de l’information et doit, dans la limite de ses ressources, développer ses activités en vue de fournir aux utilisateurs des services d’information précis, impartiaux et dignes de confiance.
Le Comité européen de normalisation (CEN) est une association qui réunit les organismes nationaux de normalisation de 34 pays européens. Le CEN est l’une des trois organisations de normalisation européennes (avec le Cenelec et l’Etsi) officiellement reconnues par l’Union européenne et par l’European Free Trade Association (EFTA) comme responsables pour le développement et la définition des normes volontaires au niveau européen. Le CEN fournit une plateforme pour le développement des normes européennes et d’autres documents techniques en lien avec différents produits, matériaux, services et procédés. Le CEN soutient les activités de normalisation en lien avec une vaste variété de domaines et de secteurs, dont : l’air et l’espace, les produits chimiques, la construction, les produits de consommation, la défense et la sécurité, l’énergie, l’environnement, la nourriture et l’alimentation, la santé et la sécurité, les services de santé, les technologies de l’information et de la communication, les machines, les matériaux, l’équipement sous pression, les services, le mieux-vivre, le transport et le conditionnement.
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