RSF dépose plainte contre l’affichage d’une publicité pour l’Arabie saoudite

RSF a déposé une plainte en référé devant le juge administratif de Paris, pour demander l’annulation de l’autorisation d’affichage d’une publicité pour l’Arabie saoudite en plein coeur de Paris. Un an après l’assassinat de Jamal Khashoggi, cette publicité est une provocation et une atteinte à la dignité humaine.

Une affiche de 342 m2 recouvre depuis le début du mois d’octobre un immeuble historique de la rue Halévy, dans l’un des quartiers les plus touristiques et commerçants du centre de Paris. Cette affiche, qui vante les charmes de l’Arabie saoudite, fait partie d’une vaste campagne de publicité mondiale destinée à promouvoir le pays comme destination touristique. Elle montre une île paradisiaque accompagnée des inscriptions suivantes : «  Dans quel coin du monde ? » et « Soyez le premier à visiter. Obtenez votre visa maintenant. » ainsi que le renvoi vers un site internet dédié. Cette publicité a fait l’objet d’une autorisation par arrêté préfectoral à compter du 1er octobre 2019.

Un an presque jour pour jour après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué et démembré dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul par des agents de Riyad, RSF estime que cette publicité affiche le cynisme de l’Arabie saoudite, le peu de cas qu’elle fait des réactions internationales et son mépris des libertés fondamentales. La concomitance du début de l’affichage le 1er octobre avec la date anniversaire de l’assassinat du journaliste le 2 octobre et la mention des “visas” qui rappelle de façon macabre le consulat d’Arabie saoudite où le journaliste a été tué attestent d’une provocation glaçante que la France ne saurait autoriser dans un lieu emblématique, en plein coeur de Paris.

Afin d’obtenir le retrait de cette publicité, RSF a déposé aujourd’hui une plainte en référé devant le juge administratif, rédigée par les avocats du Cabinet Bourdon et Associés, demandant que l’arrêté préfectoral autorisant son affichage soit annulé. Les circonstances de cet assassinat sont en effet contraires à toutes les valeurs de liberté d’expression et de droit à la vie. La promotion de l’Arabie Saoudite, comme destination de loisir et de vacances auprès du public français, constitue une inacceptable atteinte à la dignité humaine, et par conséquent un grave trouble à l’ordre public qui justifie l’intervention du juge.

L’Arabie saoudite, située à la 172e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019, est un pays dans lequel la liberté de la presse est inexistante, et où les voix indépendantes sont emprisonnées, voire torturées. Au moins 32 journalistes, professionnels ou non, y sont aujourd’hui détenus de façon arbitraire.

Publié le
Mise à jour le 29.10.2019