RSF dénonce la répression des autorités émiraties envers les rares voix libres
Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’arrestation surprise du défenseur des droits humains Ahmed Mansoor le 19 mars dernier ainsi que la décision des autorités de prolonger la détention du blogueur Osama Al-Najjar et la condamnation du journaliste Tayseer al-Najjar à trois ans de prison. RSF demande aux autorités de les libérer immédiatement et sans conditions.
Le célèbre blogueur et défenseur des droits humains Ahmed Mansoor a été arrêté le 19 mars dernier, tard dans la nuit à son domicile par une dizaine de policiers. Le lauréat du Prix Martin Ennals 2015, une des rares voix indépendantes capables de s’exprimer librement, a été mis en détention provisoire et est accusé d’avoir diffamé le pays sur les réseaux sociaux en publiant entre autres des “fausses informations, rumeurs et mensonges sur les Emirats” entre autres visant à nuire à la réputation du pays.
Osama Al-Najjar, blogueur arrêté le 17 mars 2014 et jugé coupable de s’être exprimé sur Twitter sur les mauvais traitements subis en prison par son père ainsi que par toutes les victimes du procès des «UAE 94», devait pour sa part être libéré le 17 mars dernier. Selon des médias locaux, le Procureur général a jugé qu’il constituait un danger pour la société et a demandé son maintien en prison.
Le 15 mars dernier, le journaliste jordanien Tayseer al-Najjar, en détention provisoire depuis décembre 2015, a été condamné à trois ans de prison en plus d’une amende pour des commentaires publiés sur Facebook jugés insultants envers les dirigeants des Émirats en vertu de la loi anti-cybercriminalité. Il est accusé d’avoir entre autres d’avoir insulté des “symboles de l’État” à travers ses commentaires en juillet 2014 faisant l’éloge de la résistance des palestiniens à Gaza et critiquant certains pays dont les Emirats Arabes Unis. Le journaliste, qui couvrait la culture pour le journal hebdomadaire émirati Al-Dar, sera expulsé à la fin de sa peine.
“Nous demandons aux autorités émiraties de libérer sans plus attendre tous les journalistes et blogueurs arbitrairement détenus” déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. “Les récentes décisions de justice à l’encontre des journalistes, ainsi que l’arrestation d’Ahmed Mansoor, confirment une aggravation de la situation pour les rares voix indépendantes et critiques réduites au silence dans le pays”.
Pour rappel, Osama Al-Najjar avait été condamné lors d’un procès inique à trois ans de prison et à une amende de 500 000 dirhams émiratis pour avoir dénoncé les conditions d’incarcération et les mauvais traitements subis en détention. Il était également reconnu coupable d’offense à l’Etat via Twitter, d’incitation à la haine et la violence, d’appartenance au mouvement du parti Al-Islah (affilié aux Frères musulmans) et de diffusion de fausses informations en vertu de la loi anti-cybercriminalité (2012). Le journaliste-citoyen avait été torturé à la suite de son arrestation, détenu à l’isolement, privé de défense, et est aujourd’hui détenu dans la prison de Al-Rezin depuis Janvier 2017.
A ce jour, un journaliste et deux journalistes-citoyens sont emprisonnés aux Emirats Arabes Unis. Le pays figure à la 119ème place du Classement 2016 sur la liberté de la presse établi par RSF.