RSF demande la libération des journalistes birmans Wa Lone et Kyaw Soe Oo

Deux journalistes birmans de l’agence Reuters ont comparu mercredi 10 janvier devant un tribunal de Rangoon, où ils ont été mis en examen pour atteinte aux "secrets d'Etat". Reporters sans frontières (RSF) demande leur libération immédiate.

Ils risquent toujours 14 ans de prison. Arrêtés le 12 décembre dernier, les journalistes Wa Lone et Kyaw Soe Oo doivent comparaître demain devant un juge qui pourrait leur imputer de nouveaux chefs d’accusation. Selon la police, les deux reporters ont été “arrêtés en possession d’importants documents gouvernementaux secrets en lien avec l’Etat d’Arakan et les forces de sécurité”.


Ils sont suspectés d’avoir enfreint la loi sur les Secrets d’Etat, un vieux texte de 1923 rarement utilisé, sauf lorsque l’armée birmane veut faire comprendre aux journalistes qu’ils n’ont pas à enquêter sur elle, comme ce fut le cas en 2014. La prochaine audience est prévue le 23 janvier.


“Dans cette affaire, aucun élément fourni par les autorités n’apparaît crédible, remarque Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Les deux journalistes ont eu le malheur de s’intéresser à ce qui se passe dans l’Etat de l’Arakan, où 650.000 réfugiés rohingyas ont fui les opérations de l’armée pour se réfugier au Bangladesh. Absence de transparence, non-respect des procédures légales, fabrication de fausses preuves… Tout semble indiquer que Wa Lone et Kiaw Soe Oo servent de boucs-émissaires aux autorités pour dissuader les journalistes trop curieux.”


Les deux journalistes, qui travaillent pour Reuters, ont été arrêtés immédiatement après s’être vu remettre des documents par de mystérieux policiers rencontrés dans un restaurant. Le gouvernement a affirmé que deux policiers ont été arrêtés en même temps que les reporters, là aussi en vertu de la loi sur les Secrets d’Etat. Sauf que les deux policiers arrêtés ne sont pas ceux qui ont remis les fameux documents aux journalistes… Les autorités n’ont apporté aucune précision à propos de cette flagrante irrégularité.


Depuis le début de l’actuel exode des Rohingyas, fin août, les journalistes se sont systématiquement vu refuser l’accès sur zone, ce sur quoi RSF a interpellé Aung San Suu Kyi dès le mois de septembre. Dans un contexte marqué, selon les Nations-Unies, par de possibles “éléments de génocide”, il est essentiel que les journalistes puissent documenter la situation sur place. Surtout, ils doivent pouvoir rendre compte en toute liberté de la mise en œuvre de l’accord de rapatriement des réfugiés rohingyas signé le 23 novembre entre la Birmanie et le Bangladesh, dont le début est prévu le 23 janvier prochain.


La Birmanie demeure à la 131ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017 établi en 2017 par RSF.

Publié le
Updated on 19.03.2019