RSF condamne l'attaque d'un photographe dans une manifestation au Canada

Reporters sans frontières (RSF) condamne l'attaque du photojournaliste du Toronto Sun, Stan Behal, par un manifestant à Toronto. Les autorités doivent agir plus efficacement face aux violences envers les journalistes.

Le photojournaliste Stan Behal était en train de couvrir un rassemblement anti-raciste, le 11 août, à l’extérieur de la mairie de Toronto lorsqu’un individu non-identifié lui a foncé dessus, l’a frappé et lui a arraché son chapeau. L’agression, qui a été filmée, n’a pas déclenché de réaction de la part des forces de police qui se trouvaient pourtant situées juste à côté.

 

“Vous avez vu ça?” Est-ce que vous pouvez arrêter cette personne pour agression?”, a aussitôt lancé Stan Behal, employé du Toronto Sun depuis 36 ans, à l’attention d’un officier de police, comme on peut l’entendre sur la vidéo qui montre l’incident.

 

L’incident s’est déroulé lors d’une manifestation qui avait été organisée pour protester contre un rassemblement anti-Islam prévu également ce jour-là. Avant l’attaque, Stan Behal et sa collègue Sue-Ann Levy, une éditorialiste controversée, avaient déjà été pris à partie par l’agresseur ainsi que par d’autres manifestants qui leur reprochaient la ligne éditoriale de leur rédaction, ancrée à droite.

 

Mardi, un porte-parole des services de police de Toronto a déclaré au Vancouver Sun que les forces de l’ordre avaient lancé une enquête sur cet incident, considéré comme une agression.

 

Une attaque physique contre un seul journaliste peut avoir des effets négatifs sur tous les journalistes qui ne veulent pas risquer d’être la cible de violences, en particulier lors de manifestations, souligne Margaux Ewen, directrice du bureau Amérique du Nord de RSF. Nous sommes soulagés qu’une enquête ait été ouverte, mais nous espérons qu’à l’avenir les forces de police adopteront une approche plus proactive lorsqu’il est question de la sécurité des journalistes.”

 

“Nous sommes ravis que la police lance une enquête mais nous rappelons surtout qu’il est important que, dans une manifestation, chaque partie fasse preuve de civilité et de respect”, a indiqué à RSF Tom Henheffer, vice-président de Journalistes canadiens pour la liberté d'expression (CJFE), un organisme partenaire de RSF. “Agresser un journaliste est inacceptable, quelque soit l’idéologie qui se cache derrière. L’augmentation d’incidents de ce genre est extrêmement préoccupante.”

 

Cette agression en rappelle d’autres. En août 2017, le reporter de Global News, Mike Armstrong, et le caméraman Jean-Vincent Verveille ont été attaqués alors qu’ils couvraient une manifestation contre La Meute, un groupe d’extrême-droite, dans la ville de Québec. Ces débordements ne s’arrêtent pas aux frontières du Canada, pays situé au 18e rang sur 180 selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 de RSF. Les Etats-Unis, aussi, ont récemment été le théâtre d’agressions de journalistes lors de manifestations. Les 11 et 12 août derniers, lors d’un rassemblement en opposition à la manifestation Unite the Right (“Unifier la droite”), un groupe de journalistes a été bousculé et agressé par des manifestants antifascistes et des forces de police.

Le Canada se situe à la 18 place sur 180 pays, selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2018.

Publié le
Updated on 17.08.2018