Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète des irrégularités dans le procès de Hicham Mansouri, chargé de projet à l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI) condamné à 10 mois de prison ferme pour “complicité d’adultère”. Derrière cette condamnation, c’est l’association de défense des droits de l’homme qui pourrait être visée.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, plusieurs irrégularités ont entaché, le 30 mars 2015, le procès de
Hicham Mansouri condamné à dix mois de prison ferme et 40 000 dirhams (3 800 euros) d’amende pour « complicité d’adultère », conformément aux articles 490 et 491 du code pénal marocain.
Arrêté le 17 mars à son domicile à Rabat par au moins dix policiers en civil, sans qu’aucun mandat d’arrêt ne lui soit présenté, le chargé de projet de l’Association marocaine du journalisme d’investigation (AMJI) a été déshabillé et passé à tabac avant d’être conduit à un poste de police. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé la violence de son interpellation.
Lors des premières vingt-quatre heures suivant son arrestation, il n’a pu entrer en contact avec ses avocats. Le lendemain, il a été présenté au parquet qui a décidé de le poursuivre pour « adultère et préparation d’un local pour la prostitution ». Selon la
FIDH, le juge aurait refusé d’entendre les témoins appelés par la défense tandis que les preuves présentées par le parquet ne suffisaient pas à établir l’infraction.
“Reporters sans frontières condamne fermement l’arrestation et la condamnation arbitraire de Hicham Mansouri et demande sa libération immédiate et inconditionnelle” déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de RSF.
Le président de l’AMJI, Maâti Monjib, a
qualifié cette affaire de “procès politique”. Selon lui, les autorités s’acharnent sur Hicham Mansouri pour
affaiblir l’association qui oeuvre en faveur des droits de l’homme. Il ne fait aucun doute, pour lui, que c’est l’association qui est visée.
Les autorités marocaines suivent de près les journalistes, médias et organisations qui travaillent sur des sujets sensibles. L’Association marocaine du journalisme d’investigation, créée en 2011 pendant le « Printemps arabe » pour promouvoir la liberté d’expression, le journalisme d’enquête et le droit à l’information, n’y échappe pas. Selon nos sources, ses activités sont systématiquement interdites depuis septembre 2014. Pour rappel, une rencontre sur le journalisme d’investigation à l’initiative de la fondation allemande Friedrich Naumann prévue le 22 janvier 2015 avait été
empêchée dans les locaux d’un hôtel à Rabat par les autorités sans aucun motif.
Le Maroc figure à la 130e place (sur 180) du
Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.