Royaume-Uni : l'examen de la demande d'extradition de Julian Assange reporté pour cause de coronavirus
En raison de l’épidémie de coronavirus, les avocats du fondateur de Wikileaks ont demandé un report de l’audience qui devait examiner la demande d'extradition de Julian Assange. Ils souhaitent disposer de plus de temps pour préparer sa défense compte tenu des risques pour la santé de Julian Assange, emprisonné dans la prison de Belmarsh qui serait touchée par le Covid-19. Reporters sans frontières (RSF) insiste sur la nécessité de libérer immédiatement Julian Assange avant que sa santé ne se dégrade davantage et soutient la demande des avocats.
Une audience de procédure a eu lieu ce 27 avril à la Magistrate’s Court de Westminster pour étudier la requête des avocats de Julian Assange de reporter la prochaine étape de l’examen de la demande d’extradition dont il est l’objet. La reprise de cette audience complète était prévue pour le 18 mai. Elle devait être consacrée, pendant trois semaines, à l’examen des preuves, à la suite de la présentation des argumentaires en février.
L’audience du 27 avril était présidée par la juge Vanessa Baraitser, entourée de conseillers juridiques. Julian Assange, qui devait y assister par liaison vidéo, n’était pas présent. Son avocat, Edward Fitzgerald, a déclaré avoir reçu un avis médical défavorable à son déplacement dans la salle vidéo de la prison de Belmarsh. Julian Assange n’avait pas non plus participé à la dernière audience du 7 avril, ses avocats ayant évoqué des raisons de santé.
« Nous sommes très préoccupés par l’absence continuelle de considération pour la santé de Julian Assange, en particulier en ce moment, où il court le risque supplémentaire d’être exposé au coronavirus en détention. Il devrait être libéré immédiatement avant que sa santé ne se dégrade davantage, et la cour devrait s’assurer de sa capacité à participer pleinement aux audiences à venir », déclare la directrice du bureau Royaume-Uni de RSF, Rebecca Vincent.
Pour le report de l’audience complète, les avocats de Julian Assange ont argué de la nécessité de disposer de plus de temps pour préparer la défense de leur client, puisqu’à l’heure actuelle, ils ne peuvent le voir en prison et se trouvent donc dans l’incapacité de remplir leurs obligations professionnelles. Ils souhaitent également assurer sa participation aux procédures, mais aussi permettre une justice transparente en garantissant l’accès aux médias et à d’autres observateurs.
La juge a reconnu qu’au vu du confinement prolongé dû au coronavirus, la date prévue du 18 mai pour la reprise de l’audience complète de l’extradition serait « au mieux compromise ». Elle a accepté d’annuler cette date et prévoit une audience administrative le 4 mai prochain pour déterminer la date de l’audience complète. Elle a souligné que la prochaine plage de disponibilité de trois semaines du tribunal de Woolwich Crown ne pourrait débuter que le 2 novembre 2020.
RSF a assisté à l’audience de 50 minutes via téléconférence, un mode d’accès également proposé aux médias. La connexion téléphonique ne permettait pas une observation complète de la séance, difficile à entendre – un problème qui a attiré l’attention de la juge et interrompu les procédures.
« L’expérience d’aujourd’hui qui a consisté à tenter d’observer de loin les procédures de l’affaire Assange s’est révélée extrêmement frustrante, et montre que la reprise de l’audience complète dans ces conditions ne favoriserait pas une justice transparente. Cette affaire est d’un très grand intérêt public, et la presse et les observateurs d’ONG doivent être capables de suivre la procédure dans ses moindres détails. Nous demandons que l’audience complète soit reportée jusqu’à la levée des conditions de confinement », a ajouté Rebecca Vincent.
Les avocats de Julian Assange avaient auparavant déposé une requête de libération sous caution pour raisons de santé, leur client étant, de par ses conditions médicales antérieures, particulièrement exposé à la contraction du virus. La juge Baraitser a rejeté cette requête le 25 mars dernier. La prison de Belmarsh, où un détenu serait mort du Covid-19, serait touchée par l’épidémie.
Le Royaume-Uni occupe le 35e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF, soit deux places de moins que l’année dernière, un recul dû à la condamnation abusive de Julian Assange pour violation de sa liberté sous caution et à sa détention prolongée.