Reporters sans frontières suspend temporairement le site miroir de WikiLeaks qu'elle hébergeait

WikiLeaks a récemment publié plus de 100 000 nouveaux câbles diplomatiques. Ces nouvelles révélations ont généré deux polémiques, remettant en question l’hébergement du site miroir de WikiLeaks par Reporters sans frontières, débuté le 21 décembre 2010. D’une part, certains des nouveaux câbles publiés sur le site n’auraient pas été anonymisés et contiendraient les noms de sources américaines dans différents pays, parmi lesquels Israël, la Jordanie, l'Iran et l'Afghanistan. S’il n’a pas été prouvé que des vies avaient, jusqu’à présent, été mises en danger par ces révélations, l’impact que pourrait avoir ces documents sur la vie quotidienne des informateurs ne peut cependant être négligé: renvoi d’une entreprise, représailles, agressions... D’autre part, un fichier crypté contenant l’ensemble des câbles WikiLeaks, là encore non anonymisés, ainsi que le mot de passe pour y accéder, auraient été mis à disposition sur Internet, sur les sites de peer-to-peer. N’ayant pas les moyens techniques, humains ni financiers de vérifier chaque câble ayant fuité, Reporters sans frontières a décidé d’appliquer le principe de précaution. L’organisation avait ouvert le site miroir en précisant défendre « la liberté de circulation des informations sur Internet et le principe de protection des sources, sans lesquelles le journalisme d’investigation ne peut exister. » La protection des sources étant aujourd’hui remise en cause, l’organisation a décidé de suspendre le site dans l’attente d’un nouvel éclairage sur l’affaire. L’organisation continuera d’alimenter la page spéciale WikiLeaks sur son site, afin d’informer sur la publication de câbles en liens avec la liberté de la presse, ainsi que sur l’actualité d’un site contribuant à la diffusion d’une information libre. Reporters sans frontières maintient également que WikiLeaks a fait œuvre utile en mettant à la disposition du public américain et international des informations capitales, notamment sur les très graves atteintes aux droits de l’homme et aux libertés publiques commises sous l’administration Bush, au nom de la « guerre contre le terrorisme ».
Publié le
Updated on 25.01.2016