Reporters sans frontières soutient Khabarnegaran Iran, site d’information à l’intention des journalistes iraniens

Près de 250 professionnels des médias ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison au cours des deux dernières années en Iran. Les journalistes et les titres qui s’écartent de la ligne éditoriale fixée par le régime sont à la merci d’une condamnation ou d’une suspension pour un article, une prise de position. Nombre de professionnels ne peuvent plus exercer ouvertement leur métier. Les autorités ont érigé la répression à l’égard des journalistes en véritable culture politique d’Etat.

Né en 2009, le site d’information Khabarnegaran Iran (Le Journaliste iranien) est entré en résistance contre l’oppression et la propagande du pouvoir. Il se présente comme un site d’informations destiné aux journalistes eux-mêmes.

Quelles différences y a-t-il entre exercer sa profession à Téhéran et dans le reste de l’Iran ? Comment informer le public alors que le couperet de la censure peut tomber sur toutes les voix dissidentes ? Quelle est la place des femmes journalistes en Iran ? Qui sont les journalistes emprisonnés dans le pays et pour quel motif ? Comment vivent les familles de journalistes détenus ? tels sont les sujets traités par la rédaction. Rédigés en farsi, près d’un quart des articles sont traduits en anglais, afin de toucher le plus grand nombre. L’équipe de traducteur se charge également de traduire certains articles internationaux en farsi.

Alimenté par un réseau de collaborateurs en Iran, le média offre ainsi un point de vue inédit sur la condition des professionnels des médias iraniens et permet à ces journalistes, réduits au “chômage politique”, de travailler à nouveau.

Ces articles font mouche et dérangent ! Le mardi 2 novembre, le site était victime d’attaques d’origine inconnue. Au même moment, les sites d’informations réformateurs Jaras News et Kalameh étaient rendus inaccessibles pendant plus de dix heures.

Le site avait été mis en veille en 2009 en raison des manifestations et l’exode massif de journalistes qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique d’Iran. Il a réouvert il y a quelques mois.

Reporters sans frontières rappelle que l’Iran figure à la 175e place du classement mondial de la liberté de la presse dressé par l’organisation en janvier 2012. Une cinquantaine de titres indépendants ont été suspendus par la justice et l’organe de censure du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique depuis juin 2009. Ceux qui continuent à publier sont soumis à une pression constante : mises en garde des journalistes, convocations des responsables, l’auto-censure règne au sein des rédactions.

L’Iran diabolise Internet, les réseaux sociaux et les nouveaux médias, qu’il accuse de servir les intérêts étrangers. Le régime renforce sans cesse son contrôle du Net. Le pays a notamment créé, en janvier 2011, la première "cyberpolice", traquant les dissidents en ligne. Les autorités se targuent de leur succès dans le domaine de la censure, affirmant bloquer des millions de sites. Des logiciels de filtrage développés en Iran sont utilisés pour renforcer le blocage et plusieurs entreprises occidentales sont aujourd’hui accusées d’avoir collaboré avec le gouvernement dans ce domaine. L’Iran souhaite aujourd’hui aller plus loin en développant son propre Internet national.

Publié le
Updated on 20.01.2016