Reporters sans frontières appelle à de nouvelles exigences concernant la coopération franco-égyptienne

Reporters sans frontières s'est adressée à Nicolas Sarkozy quelques jours avant la visite d'Etat de son homologue égyptien Hosni Moubarak, appelant à des exigences nouvelles de la France en matière de protection des droits de l'homme en Egypte.

A l'occasion de la visite du président égyptien Hosni Moubarak en France, le 2 août 2007, Reporters sans frontières a demandé au chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, d'intercéder en faveur du blogueur Abdel Kareem Nabil Suleiman (“Kareem Ameer”) et du journaliste Abd al-Munim Gamal al Din Abd al-Munim, actuellement emprisonnés. “Lors de votre rencontre, en avril 2007, avec le président Hosni Moubarak, vous avez déclaré vouloir poursuivre "les mêmes rapports confiants et amicaux" qu'il entretenait avec votre prédécesseur, M. Jacques Chirac. Vous aviez alors appelé au "renforcement des relations bilatérales dans tous les domaines". Or, cette coopération, Monsieur le Président, doit impérativement être accompagnée par des exigences nouvelles en matière de protection des droits de l'homme en Egypte. Il est notamment urgent d'aborder clairement et ouvertement le problème de la liberté de la presse dans ce pays, où des journalistes sont régulièrement interpellés, menacés ou agressés”, a écrit l'organisation dans son courrier. “La promesse faite, en 2004, par le chef de l'Etat égyptien lui-même, de dépénaliser les délits de presse n'a pas été tenue. Seule la diffamation envers les fonctionnaires l'a été. Trente-cinq délits de presse restent passibles de peines de prison, notamment la "publication de fausses informations", la "diffamation" du Président ou de chefs d'Etats étrangers, ou encore l'"atteinte aux institutions nationales" telles que le Parlement ou l'armée. L'Egypte n'hésite pas à censurer les écrits des journalistes, ainsi que les sites Internet pour lesquels le président Moubarak fait preuve d'un autoritarisme particulièrement inquiétant”, a ajouté Reporters sans frontières . L'organisation a rappelé au président français qu'Abdel Kareem Nabil Suleiman, plus connu sous le nom de plume "Kareem Amer", a été arrêté, le 6 novembre 2006, pour des articles publiés sur son blog (www.karam903.blogspot.com), où il dénonçait régulièrement les dérives autoritaires du gouvernement et critiquait les plus hautes institutions religieuses du pays, en particulier l'université sunnite Al-Azhar, dans laquelle il étudiait le droit. Le blogueur a été condamné, le 22 février 2007, à trois ans de prison pour avoir "incité à la haine de l'islam" et à un an pour avoir "insulté" le président égyptien. Reporters sans frontières s'est également dite très inquiète quant au sort d'Abd al-Munim Gamal al Din Abd al-Munim, journaliste pour le bihebdomadaire pro-islamiste Al-Shaab, organe du Parti du Travail (Hizb al-Amal), arrêté par des agents du Service des renseignements de la sûreté de l'Etat (SSI) à son domicile en 1993. Jugé la même année dans l'affaire connue sous le nom de Talia al Fatah (mouvement islamiste) puis en février 1999 pour l'affaire des "expulsés d'Albanie", il a été acquitté dans les deux cas. Mais les autorités égyptiennes n'ont jamais voulu fournir d'informations sur ce journaliste.
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Updated on 20.01.2016