Procès de Takis Michas : la relaxe immédiate est la seule décision acceptable.

Reporters sans frontières dénonce le procès qui s’ouvre ce 17 septembre 2010 contre le journaliste Takis Michas devant la deuxième cour à Athènes. Il fait suite à une plainte pour diffamation déposée par Monsieur Stavros Vitalis pour un article publié dans le quotidien Eleftherotypi du 25 juillet 2009 par Takis Michas. Dans cet article, le journaliste avait cité le contenu d'une enquête publiée dans l’hebdomadaire serbe Global revenant sur la présence de forces paramilitaires grecques lors du massacre de Srebrenica en 1995. Stavros Vitalis, ancien « volontaire grec », juge le terme « paramilitaire » insultant pour des forces militaires qu’il considère « régulières », puisqu’appartenant à l’armée des serbes de Bosnie. Il conteste par ailleurs la participation de ces « contingents » dans les massacres. Takis Michas est reconnu pour la qualité et le sérieux de ses enquêtes sur un sujet quasi taboo en Grèce. Dans son livre, L’Alliance impie : la Grèce et la Serbie de Milosevic, le journaliste revient avec beaucoup de témoignages sur le soutien militaire apporté par les « volontaires grecs » aux serbes de Bosnie et fustige l’attitude des autorités d'Athènes, passées ou actuelles, qui refusent d'enquêter sur ces activités et de rendre public les documents classifiés qui s’y réfèrent. Le procès en diffamation intenté contre Takis Michas est surréaliste et relève très clairement du harcèlement juridique. Sa relaxe immédiate et l’abandon des poursuites sont les seules décisions logiques et acceptables dans cette affaire. Alors qu'il n’est même pas cité dans l’article paru le 25 juillet 2009, Monsieur Stavros Vitalis se dit personnellement visé par les propos tenus par le journaliste. La plainte en diffamation qu’il a déposée est tout simplement ridicule et ne peut être prise au sérieux. Bien qu’il prétende que ses états de services comme officier dans l'armée de Republika Srpska soient « de notoriété publique », Stavros Vitalis ne semble pas très désireux de voir ce passé ressurgir dans les médias. Bon nombre de responsables militaires ou politiques grecs ne souhaitent pas lever le voile sur cette partie peu glorieuse de l’histoire. Le travail mené par Takis Michas dans ses articles est courageux et salutaire. Il mériterait un peu plus de soutien de la part de ses confrères qui doivent réclamer sa relaxe. L’autocensure de la classe politique et d’une grande partie des médias sur la présence de forces paramilitaires grecques en Serbie lors des massacres de Sebrenica est surprenante et inquiétante. Le sujet relève très clairement de l’intérêt public et devrait être traité sérieusement. La commémoration du massacre de Sebrenica offrait l'occasion de jeter un regard sans concessions sur les agissements peu glorieux des autorités grecques. Il n’est pas encore trop tard pour le faire.
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Updated on 20.01.2016