Pressions sur des journalistes couvrant les manifestations en Tunisie
RSF dénonce l’interpellation du correspondant de Libération et la saisie du matériel d’un journaliste de Tunisia Review. Les deux journalistes couvraient les rassemblements qui se multiplient dans le pays.
Mathieu Galtier, correspondant du quotidien français Libération à Tunis, s’est rendu le 10 janvier dans la ville de Tebourba, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Tunis, où de nouvelles manifestations avaient éclaté. Le journaliste ne s’attendait pas à recevoir, le lendemain, la visite d’agents de la garde nationale à son domicile de Tunis. Sans présenter aucun document justificatif, les policiers l’ont contraint à le suivre au poste, où il a été interrogé pendant près d’une heure. La police a notamment cherché à obtenir des informations sur ses contacts. “J’ai été très surpris qu’on vienne me chercher à mon domicile et choqué par le fait que les responsables de la garde nationale me demandent très explicitement et directement l’identité des noms des personnes à qui j’avais parlé à Tebourba” a expliqué Mathieu Galtier à RSF.
Quelques jours auparavant, un journaliste de Tunisia Review, Nadim Bouamoud, qui couvrait la manifestation de la campagne “Fech_Nestannew” (“Qu'est ce qu'on attend ?”) s’est fait saisir son téléphone par un agent de police alors qu’il était en train de diffuser une vidéo en direct.
“Ces violations de la liberté d’informer commises par des représentants des forces de l’ordre sont inadmissibles pour un état démocratique comme la Tunisie, déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. Les journalistes doivent pouvoir couvrir librement les manifestations qui ont lieu actuellement dans le pays. Nous appelons les autorités à ne pas entraver leur travail.”
Un large mouvement de contestation contre la cherté de la vie secoue la Tunisie depuis le début de l’année et ce à quelques jours du 7e anniversaire de la révolution tunisienne. En début de semaine, au lendemain de la mort d’un manifestant pendant des heurts avec la police, de nouvelles manifestations ont éclaté dans la ville de Tebourba.
RSF invite les journalistes couvrant les manifestants à consulter ses recommandations : “Pour un meilleur dialogue entre journalistes et policiers”.
La Tunisie est 97ème au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.