Le juge Wenceslas Ilboudo, en charge d'instruire le dossier Norbert Zongo, a prononcé un non-lieu dans cette affaire. "C'est tout simplement scandaleux ! Après huit ans de mobilisation, cette décision consacre le règne de l'impunité au Burkina Faso. C'est une honte", a déclaré Reporters sans frontières.
"Nous venons d'apprendre que le juge Wenceslas Ilboudo, en charge d'instruire le dossier Norbert Zongo, a prononcé un non-lieu dans cette affaire. C'est tout simplement scandaleux ! Après huit ans de mobilisation, cette décision consacre le règne de l'impunité au Burkina Faso. C'est une honte et un coup dur porté envers tous les Burkinabés qui n'ont eu de cesse de réclamer la vérité dans cette affaire", a déclaré Reporters sans frontières.
"Ce dossier a toujours été hautement politique. Norbert Zongo a été tué par des membres de la garde présidentielle et le frère du chef de l'Etat, François Compaoré, est impliqué dans cette affaire. Les autorités n'ont eu de cesse de protéger les assassins. Blaise Compaoré a obtenu ce qu'il avait toujours souhaité : l'injustice", a ajouté l'organisation de défense de la liberté de la presse.
"Malgré cette décision, nous allons continuer à nous mobiliser pour que justice soit rendue. Nous n'oublierons jamais Norbert Zongo et nous poursuivrons avec ténacité et fermeté notre mobilisation aux côtés des proches et des amis de Norbert", a conclu Reporters sans frontières.
Le 18 juillet 2006, le juge d'instruction Wenceslas Ilboudo a prononcé un non-lieu concernant Marcel Kafando, membre de la garde présidentielle, et seul inculpé à ce jour pour l'assassinat de Norbert Zongo. Le juge a suivi un réquisitoire du procureur du Faso qui a estimé que les éléments retenus contre Marcel Kafando n'étaient pas suffisants.
Selon l'avocat de la famille de Norbert Zongo, Me Bénéwendé Sankara, l'affaire est classée et ne sera pas rouverte tant qu'il n'y aura pas d'éléments nouveaux. L'avocat doit faire appel de cette décision.
Rappel des faits :
Norbert Zongo était le directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant. Il a été retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, le 13 décembre 1998. Le journaliste enquêtait sur les circonstances de la mort de David Ouédraogo, chauffeur personnel de François Compaoré, frère du chef de l'Etat Blaise Compaoré. David Ouédraogo avait lui-même été torturé à mort par des membres du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).
En août 2000, trois militaires de la garde présidentielle, dont l'adjudant Marcel Kafando, avaient été reconnus coupables d'"avoir séquestré et torturé à mort" David Ouedraogo. Ce dernier, chauffeur de François Compaoré, était soupçonné de lui avoir volé de l'argent. Il est mort sous la torture, quelques jours après avoir été arrêté par la garde présidentielle. Norbert Zongo enquêtait sur cette affaire lorsqu'il a été tué. En février 2001, Marcel Kafando a été inculpé d'« assassinat » et « incendie volontaire » par le procureur général dans le cadre du dossier Norbert Zongo. Or, malgré une inculpation aussi grave, Marcel Kafando coulait des jours tranquilles en liberté, à son domicile.