Mort d'un journaliste au Kurdistan irakien : assassinat ou suicide ?

Un célèbre présentateur de télévision aurait été assassiné à Souleymanieh (Kurdistan irakien) avec tous les membres de sa famille tandis que les enquêteurs parlent de leur côté d’un suicide. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités kurdes irakiennes à tout mettre en oeuvre pour faire la lumière sur les circonstances dramatiques de cette mort.

Selon plusieurs sources, le célèbre présentateur de la chaîne kurde NRT, Amanj Babany, a été assassiné mercredi 16 octobre avec toute sa famille à Souleymanieh : son épouse, Lana Muhammad (elle-même journaliste à Kurdsat), et leur bébé. Tous se trouvaient dans leur voiture lorsque des hommes armés ont ouvert le feu sur eux avant de prendre la fuite, d’après les témoignages.


Seulement quelques heures après l’assassinat, la police locale a conclu à un suicide après une dispute conjugale, ce qui contredit les témoignages récoltés par le correspondant de NRT sur place. Plusieurs journalistes, hommes politiques et commentateurs doutent de cette version officielle, partageant sur les réseaux sociaux une vidéo de la voiture avec les impacts des balles. Le vice-premier ministre, Qubad Talabani, a de son côté promis une enquête qu’il conduirait "personnellement". 


Le gouvernement régional du Kurdistan a le devoir de prendre le temps nécessaire pour mener une enquête sérieuse afin d'établir les véritables circonstances de ce potentiel triple homicide, déclare Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontière (RSF). Si ce crime est avéré, il montre bien que les journalistes sont en danger même dans une région réputée ‘relativement sûre’ comme Souleymanieh et que la pratique des assassinats de journalistes, en public, n’est pas révolue.


Amanj Babany présentait une émission nommée “Sans frontières” et y abordait des sujets sensibles tels que le mariage des mineurs, les violences faites aux femmes ou d’autres thématiques sociétales controversées dans la région. 


L’assassinat d’Amanj Babany et Lana Muhammad ne serait pas un cas isolé. En 2016, le journaliste de Roj News Wedat Hussein, a été retrouvé mort à Dohuk après avoir été enlevé par des inconnus, tout comme le journaliste indépendant Sardasht Osman, kidnappé en 2010 à Erbil et retrouvé mort à Mossoul. Il en est de même pour Soran Mama Hama, journaliste à Lvin Magazine, tué par balles à Kirkuk en 2008, et pour Kawa Germyani, fondateur du magazine Rayal, également tué par balles à Kalar en 2013. Jusqu’à ce jour, aucune condamnation n’a été prononcée pour l’un ou l’autre de ces cas.


En 2019, l’Irak occupe la 156e place au Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 17.10.2019