Mexique: la journaliste mexicaine Maria Elena Ferral Hernández assassinée dans l’Etat de Veracruz
La journaliste Maria Elena Ferral Hernández est la première journaliste assassinée au Mexique depuis le début de l’année 2020. RSF exige une enquête exhaustive sur ce crime, et appelle les autorités mexicaines à renforcer la protection des journalistes dans l’une des régions les plus dangereuses du pays pour la profession.
Lundi 30 mars, dans la municipalité de Papantla, dans l’Etat du Veracruz, la journaliste María Elena Ferral Hernández a été abattue par deux hommes cagoulés circulant à moto, qui ont ouvert le feu en pleine rue alors qu’elle sortait d’un rendez-vous chez son notaire. Les tueurs ont tiré à huit reprises. María Elena Ferral a été transportée en urgence à l'hôpital le plus proche, où elle a succombé à ses blessures quelques heures plus tard.
María Elena Ferral Hernández était correspondante pour les journaux locaux Diario de Xalapa, El Heraldo de Poza Rica et fondatrice du site d’informations Quinto Poder de Veracruz. Elle enquêtait notamment sur les enlèvements et les disparitions forcées, souvent imputées à la police. En 2016, elle avait signalé plusieurs fois, auprès du Mécanisme de protection du Veracruz (CEAPP), qu’elle recevait des intimidations et des menaces de mort venant de personnalités politiques de la région. Le Mécanisme lui avait alors accordé un dispositif de protection (escorte, GPS) avant que le Secrétaire à la sécurité du gouvernement du Veracruz ne décide en 2017, et sans consulter le Mécanisme, de lui retirer le dispositif au motif qu’elle n’en avait pas fait ‘bon usage’.
“Les autorités du Veracruz doivent mener une enquête exhaustive sur cette terrible affaire, privilégier la piste professionnelle et garantir la protection des proches et des collègues de María Elena Ferral Hernández”, déclare Emmanuel Colombié, directeur du bureau Amérique latine de RSF. “Ce nouvel assassinat, témoigne une fois encore de l’urgence pour les autorités fédérales mexicaines de repenser en profondeur le système de protection des journalistes dans tout le pays”.
María Elena Ferral Hernández est la 13ème femme journaliste assassinée au Mexique depuis 2005. Le 11 mars 2020, la journaliste Mireya Ulloa, directrice éditoriale du journal La Opinión en Poza Rica, échappait de peu à une tentative d’assassinat, dans l’Etat du Veracruz également. RSF rappelle que les journalistes Maria Esther Cansimbe et Adela Octubre sont portées disparues, respectivement depuis 2009 et 2012.
En 2019, dix journalistes ont été tués en lien avec leur activité professionnelle à travers le pays, l’un des plus dangereux du monde pour la profession.
Le Mexique est classé au 144e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019 publié par RSF.